Une ombre plane sur le commerce. La croissance est atone, le pouvoir d’achat en berne et les Français s’inquiètent pour leur avenir. Selon l’étude publiée par l’institut BVA, 67% des personnes interrogées se déclarent “pessimistes”, voire “très pessimistes” pour 25% d’entre elles. Effet de la crise? Sans aucun doute. Quand on sait que quatre consommateurs sur dix dépenseront moins pour les fêtes de fin d’année, il y a de quoi avoir le blues. Même le budget accordé aux sacro-saints cadeaux de Noël sur Internet devrait reculer de 3%. Face à un avenir économique trouble, les consommateurs se serrent la ceinture sur les achats superflus. Seul poste de dépenses révisé à la hausse durant la trêve des confiseurs: le repas de Noël, estimé à 175?€, soit 2% de plus que l’an dernier. L’alimentaire s’impose comme une valeur refuge.
Ce recentrage vers l’essentiel en dit long, certes, sur les arbitrages de crise. Mais il permet également d’affirmer, avec certitude, que décidément non, la société de consommation n’est pas morte. Elle change juste de visage. La quantité ne suffit plus: c’est la qualité qui prime. 48% des Français déclarent ainsi vouloir “consommer moins de produits mais de meilleure qualité depuis le début de la crise”, indique l’Observatoire des commerces Médicis-Ifop. Un nouveau credo qui inspirent les distributeurs. La manne du premium séduit, mais attention aux chausse-trappes ! Car qui dit qualité, dit service. Le haut de gamme n’est pas qu’une affaire d’argent. “Augmenter les prix sans donner plus à son client ne fonctionne pas: il lui faut du confort, de l’accueil et, surtout, du service”, rappelle Gérard Atlan, président du Conseil du Commerce de France. Bref: les consommateurs en veulent pour leur argent. Et s’ils ne trouvent pas la bonne affaire en magasin, ils iront la chercher ailleurs, sur Internet par exemple.
Lieu de prédilection des chasseurs de prix, la toile se révèle être le terreau des consommations émergentes. Location, troc, vente de produit d’occasion: ces pratiques ancestrales, jusque-là cantonnées aux vide-greniers annuels ou aux dépôts ventes poussiéreux trouvent une seconde jeunesse sur la toile. Les jeunes générations connectées en raffolent, les populations urbaines désargentées aussi. À tel point que des enseignes tout à fait conventionnelles comme La Fnac, Décathlon, Ikea se sont mises à organiser leurs propres circuits d’occasion. Moins pour gagner de l’argent que pour éviter d’en perdre. Et enrayer la fuite de leurs clients vers le boncoin.fr. Signe que les équilibres, dans la distribution, sont en train de bouger. Être commerçant ne se résume plus à vendre. “Ce que demandent les consommateurs, avant tout, c’est que l’enseigne apporte une solution à leur problème”, souligne Nathalie Damery, présidente de l’Obsoco. Apporteur de service: un métier d’avenir?
Peut-être. Mais il demande, aux distributeurs, de revoir leurs modèles. Une mutation contrainte par l’économie – dans un pays sans croissance, la course à la rentabilité a-t-elle encore un sens? -, par l’évolution des consommateurs eux-mêmes, moins enclins à la propriété et devenus experts dans l’achat malin et par l’arrivée, sur l’échiquier, de nouveaux joueurs: les pure players. L’enjeu est de taille mais la voie est ouverte: reste à trouver le bon marché. Et tant que louer une bague de fiançailles ou offrir des objets d’occasion à Noël ne sera pas encore entré dans les mœurs, les commerçants pourront encore saisir ces nouvelles opportunités. Jusqu’à quand ?
Toute l’équipe de Points de Vente
vous souhaite de très bonnes fêtes
et vous donne rendez-vous le lundi 20 janvier 2014.