Et si l’on mettait, un temps, de côté les perspectives de croissance morose, les mécanismes déflationnistes, les marchés bagarrés, la guerre des prix qui n’en finit jamais, le chômage qui progresse, les marges qui rétrécissent, le pouvoir d’achat exsangue, les distributeurs opposés aux fournisseurs. Juste le temps d’un arrêt sur image pour porter un regard différent sur les entreprises qui, chaque jour, inventent de nouvelles voies de progrès.
Au-delà des tensions, le secteur agroalimentaire vient de donner une belle leçon d’optimisme où l’innovation constitue, plus que jamais, le moteur de croissance des entreprises, un axe stratégique central pour pérenniser et développer leur compétitivité. Le SIAL vient, en effet, de fermer ses portes après 5 jours de rencontres sous le signe de l’innovation et de l’international (6200 exposants, plus de 150?000 visiteurs). Une édition qui incarne le dynamisme des entreprises avec 1?757 candidats à SIAL Innovation, quelque 20 prix et autant de médailles décernées. À l’honneur, ce sont souvent des PME qui ont su capter les attentes des consommateurs, créer de la valeur ajoutée dans un environnement extrêmement compétitif et qui, pour certaines, parviennent difficilement à faire entendre leurs voix auprès des distributeurs pour passer du stade d’innovation prometteuse à un produit présent dans les rayons à qui on laisse suffisamment de temps pour faire ses preuves. En matière d’innovation, la temporalité de la grande distribution n’est pas toujours la même que celle des industriels. C’est dommage. Sur les presque 12?000 entreprises agroalimentaires en France, 98% sont des PME et TPE qui jouent un rôle primordial tant en innovation qu’en termes de vitalité économique et d’emplois.
Au cœur des allées du salon mondial de l’alimentation se sont dévoilées les grandes tendances d’aujourd’hui et demain. L’innovation rime avec praticité, retour du “C’est moi qui l’ai fait” et ancrage du nomadisme. Elle conjugue, désormais, le manger sain avec “se faire plaisir”, le “sans gluten” avec des recettes gourmandes, et privilégie les nouvelles expériences sensorielles, les nouvelles formes de consommation. Et parmi les ingrédients phare de l’édition, on trouve la banane, le gingembre, le miel, le quinoa, le chia, l’açaï ou la noix de coco. Un peu de douceur…
… dans ce monde où la maturité des marchés, en perte de vitesse, pousse les entreprises à aller chercher plus loin les clés de leur développement. C’est vrai pour les industriels comme pour les distributeurs, comme le dévoile notre enquête sur les stratégies des enseignes de la grande distribution à l’international. En à peine 20 ans, la part de marché réalisée en dehors du marché français est passée de quasi 0 à 45%, voire presque 60% pour les enseignes généralistes les plus ambitieuses. Un dynamisme qui ne se dément pas, même si les stratégies, aujourd’hui, sont plus raisonnables et ciblées sur des marchés porteurs et émergents. Les eldorados d’hier ont montré leurs limites.