Pour une fois, tout le monde s’accorde. Au jeu cacophonique du “stop ou encore”, entreprises, salariés, politiques de droite comme de gauche, mais aussi – timidement, certes – les socialistes, réclament une pause fiscale. Trop d’impôt tue l’impôt. Trop d’impôt tue la consommation, la croissance, l’investissement, les emplois. Même le FMI le dit à la France: il faut renoncer aux hausses d’impôts prévues.
Il faut dire que la pilule a du mal à passer. Pression fiscale jusqu’à l’écœurement, instabilité et manque de visibilité ne font qu’inciter les entreprises à faire le dos rond en attendant que l’orage passe. Comme le souligne Jean-Philippe Girard, le nouveau président de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) au ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garrot, “vous ne pouvez pas, d’un côté, nous demander d’engager nos entreprises dans un projet d’emploi, d’investissement et de croissance et, de l’autre, nous menacer en permanence de taxes comportementales et d’impôts divers (…) nous ne pouvons pas passer notre temps à nous battre contre des impôts qui ne produisent pas d’effets sinon, effectivement, de remplir les caisses de l’État”.
Du coup, barre à 180°. Il faut rassurer les Français comme les entreprises. D’autant que les municipales approchent. Nous serions sortis de la crise, déclare le chef de l’État à la télévision. D’ailleurs, mi-août, on assiste à un rebond inattendu de la croissance française au 2e trimestre de… +0,5%. Ce qui veut dire que, techniquement, la France sort de la récession. On apprend même que les groupes du CAC 40 tournent la page de la crise?! Pierre Moscovici, le ministre de l’Économie et des Finances, joue la carte de l’empathie en se déclarant “très sensible au ras-le-bol fiscal”. Puis, une dizaine de jours plus tard, il promet aux entreprises, lors de l’université d’été du Medef, que les prélèvements obligatoires n’augmenteront pas en 2014. Une annonce qui fait suite à la hausse des cotisations finalement décidée pour renflouer le régime des retraites. Un financement inégalitaire qui prend déjà l’eau puisqu’une semaine après sa présentation, les employeurs ont demandé que leurs efforts soient contrebalancés. Ce qui a été immédiatement accepté. Et entraîné, logiquement, une demande similaire pour les salariés, portée par la CFDT. À ce compte-là, la moitié du financement de la réforme 2014 serait remis en cause.
Comme le dit la chanson, “deux pas en avant, trois pas en arrière, deux pas sur le côté…”.
En attendant que les uns et les autres entrent dans la danse avec le bon rythme, certaines initiatives font du bien. À l’image de l’Ania qui souhaite mettre autour de la table industriels de l’agroalimentaire et distributeurs pour faire cesser cette guerre des prix et trouver, ensemble, la meilleure façon de construire des contrats de filières pour que chacun y trouve son compte. À l’image, aussi, des magasins U qui ont conclu une dizaine de contrats tripartites avec des producteurs et des transformateurs – si tant est qu’ils soient équitables – ou développé des produits en MDD avec des PME sur la base d’un apport en industrie sur 5 à 7 ans.
ENCORE?!!!