Rentrée morose. Quand certains débattent sur la règle d’or budgétaire, taxe soda à l’appui, d’autres rêvent de régulation des prix agricoles. Il faut dire que la filière
agro-alimentaire est fragilisée par la crise des matières premières. La faute à qui ?
En première ligne, la spéculation sur les marchés agricoles, déclarée coupable, lors du G20 de juin dernier, d’engendrer une volatilité des prix aux côtés des fluctuations des niveaux de production, de l’absence d’informations sur les niveaux de stock réels ou des aléas météorologiques… Bref, autant d’éléments qui contribuent au mouvement de yo-yo des prix et qui devraient alerter les politiques en faveur d’une meilleure
régulation des marchés.
Mais le jeu de la régulation a ses propres codes. Il faut :
• Maîtriser l’inflation alimentaire. C’est le nouveau défi des distributeurs et des politiques qui tentent de rassurer un consommateur de plus en plus inquiet dans un contexte de crise financière européenne et d’incertitude sur le pouvoir d’achat.
• Encadrer une chaîne agro-alimentaire fragilisée par la hausse des matières
premières et protéger la filière agricole de la volatilité, tout autant que des querelles intestines entre intermédiaires. Pas assez soudés, pas assez forts, les petits
producteurs peinent à se faire entendre face aux deux poids lourds que sont
l’industrie et la grande distribution.
• Apaiser les conflits qui gèlent le dialogue entre industriels et distributeurs et
transforment les négociations annuelles en partie de ping-pong où chacun se rejette la balle des hausses alimentaires. Pas question pour les distributeurs d’endosser le rôle de bouc émissaire, même s’ils sont bénéficiaires. Ils entendent défendre leur image de protecteur du pouvoir d’achat des consommateurs, même si leurs marges brutes atteignent 15 à 30 % (jusqu’à 59 % pour les fruits et légumes !). Quant aux marges nettes : mystère… De leur côté, les industriels ont l’impression de devoir éponger une partie trop importante des hausses. À tel point que certains sortent de la table des négociations.
Alors, vers l’émergence d’un nouveau modèle où la chaîne de valeur ne serait plus frappée d’opacité ? Ou bien un garde-fou étatique pour une certaine régulation des marchés ?
Pour l’heure, rentrée budgétaire rime avec soda. Juste une petite taxe pour redresser l’économie française. Il paraît qu’en plus, c’est bon pour notre bien-être. Payer un peu plus cher pour un petit plaisir sucré. Les consommateurs apprécieront. Les industriels aussi. En attendant, on attend toujours un peu de régulation pour sanctionner les dérives de certains marchés. Et on peut toujours rêver d’un monde de brutes où l’on préserverait quelques bulles de douceur…