La fin du néolibéralisme serait-elle pour bientôt? Depuis 6 ans qu’elle sévit, la crise financière a, au moins, un impact positif: nous faire prendre du recul sur notre façon de consommer. Privilégier la qualité à la quantité. Manger moins mais mieux. Faire mieux avec moins. Troquer. Réparer plutôt que jeter. Favoriser son commerce de proximité plutôt que l’hypermarché. Autant de comportements qui se sont progressivement ancrés dans les habitudes. D’autant que le poste carburant, de plus en plus impactant sur le budget des Français, n’engage pas aux déplacements en zone suburbaine pour remplir le coffre de sa voiture des courses de la semaine. Le paysage de l’économie de proximité se dessine donc doucement. Tout doucement, mais indéniablement. Même si, pour l’heure, la majorité des Français continue de faire ses courses alimentaires en grande surface (88%) mais avec bien moins de plaisir qu’avant. Marque du temps, ils sont quasiment aussi nombreux à se rendre dans les commerces de proximité (74%), au marché (62%) ou auprès de producteurs locaux (43%). C’est ce qu’indique l’étude “Les Français et le consommer local”, réalisée par Bienvenue à la ferme et Ipsos ce mois-ci. Ce qui est évocateur, c’est que ceux qui achètent des produits locaux sont massivement convaincus que cet acte d’achat permet de faire fonctionner l’économie locale (97%). Autrement dit, de laisser une empreinte positive dans sa commune. Un sentiment constructif où le consommateur devient acteur et aménageur du territoire.
La réactivation des centres-villes et des quartiers est donc au cœur des débats pour remettre, au centre des échanges marchands, les valeurs durables basées sur le conseil, l’humain et la solidarité. Plus question de voir les paysages urbains se vider de leurs commerces de proximité, créateurs de liens et de vie dans la ville. Pour cela, au-delà des consommateurs, la valeur proximité doit être activée, non seulement par les commerçants mais, aussi, par les managers du commerce des communes et les associations locales. Sur le terrain. Là où la réalité du marché est parfois douloureuse. Selon une étude publiée par Altares, 8?523 commerces de détail ont déposé le bilan en 2013, soit une augmentation de 4,5% par rapport à l’année précédente. Et parmi ces magasins, c’est le commerce d’alimentation générale qui est le plus impacté. “2014 s’annonce une fois encore sous tension, estime l’analyste Thierry Millon. Les décideurs devront faire preuve d’une grande agilité pour prendre rapidement les bonnes décisions au bon moment et gagner le pari de la reprise, même poussive?!”.
Le SBAM ne suffit plus à l’ère des NTIC. Le “Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci” – encore faut-il qu’il soit appliqué -, n’est plus l’arme fatale unique face à la révolution numérique. Trop longtemps écarté de la mouvance technologique, le commerce de détail doit fourbir de nouvelles armes et, surtout, ne plus ignorer la puissance de feu d’Internet et les possibilités marchandes qui en découlent. Changer les modes de consommation est à portée de clics. La grande distribution n’a pas hésité à multiplier son réseau de drives dans tout le pays. L’arrivée des mastodontes du commerce en ligne comme Amazon ou PriceMinister a considérablement changé la donne pour les magasins physiques. Mais c’est, aussi, grâce à eux que le commerce traditionnel continue de se réinventer. Et c’est grâce à des plateformes virtuelles que le retour au local est sur la bonne voie. Les échanges y sont plus faciles, plus directs et ont une capacité indéniable pour fédérer et inspirer d’autres marchands isolés numériquement. À l’image de l’initiative engagée à Montrouge pour fédérer les commerces indépendants sur un site commun de vente en ligne. Ou de celle du Puy-en-Velay, en Auvergne, avec son site www.achetezaupuy.com pour faire face au succès des drives de la grande distribution. Le commerce de proximité n’a plus le choix pour faire entendre sa voix: utiliser Internet comme un outil indispensable au lien local pour réussir sa résurrection. Soit reculer pour mieux sauter.