On n’avait pas connu un tel emballement médiatique depuis la crise de la vache folle, en 1996. Il aura suffi de quelques jours pour que la viande de cheval retrouvée par Findus dans un plat de lasagnes surgelées ne se transforme en véritable scandale alimentaire. Un “horsegate” qui a bouleversé la filière bovine, trois semaines avant l’ouverture du traditionnel Salon de l’agriculture. Escroquerie collective? Accident isolé? Alors que le quotidien britannique The Guardian rappelle l’existence d’une mafia sur la viande qui, de la Russie aux États baltes, tirerait un large profit du commerce frauduleux de la viande chevaline en Europe, le gouvernement français semble, de son côté, avoir trouvé son coupable: l’entreprise Spanghero, basée à Castelnaudary (11). En trichant sur l’étiquetage de la viande, cette filiale du groupe coopératif Lur Berri aurait revendu du cheval pour du bœuf au fabricant européen de plats surgelés Comigel, fournisseur de Findus, Picard, Nestlé et de la grande distribution. Si l’instruction contre Spanghero suit son cours, le scandale a, d’ores et déjà, éclaboussé l’ensemble des acteurs de la filière: transformateurs, industriels et distributeurs. Et sème, une nouvelle fois, le doute dans l’esprit des consommateurs, au grand damne de Jacques Poulet, directeur du Pôle Animal de Coop de France qui refuse que soit jetée l’opprobre sur toute une profession: “Dans cette affaire, seules 750 tonnes de viandes sont concernées sur les 1?300millions de tonnes de viande produites par la filière chaque année. On a l’impression que des années d’efforts peuvent être effacées par un acteur peu scrupuleux”. Car des améliorations en matière de sécurité alimentaire et de traçabilité, il y en a eu beaucoup, depuis 1996. ”Après l’épizootie d’encéphalopathie spongiforme bovine, toute une législation s’est mise en place. Les filières bovines et porcines en France se sont organisées pour être irréprochables sur le suivi de la viande par lot”, signale Bertrand Cosson, responsable de la licence professionnelle en sécurité alimentaire (LPSA) à l’université Pierre et Marie Curie.
Défaut de traçabilité?Démarches de certifications (BRC et IFS et HACCP), “paquet hygiène”, traçabilité des bêtes via un passeport bovin: les professionnels de la viande et les distributeurs-fabricants disposent, désormais, d’outils efficaces pour assurer la sécurité sanitaire des produits qu’ils revendent. La France compte, désormais, “200 fois moins d’intoxications alimentaires qu’aux États-Unis” et impose “des contrôles bactériologiques systématiques sur les produits”, martèle Jean-René Buisson, président de l’Ania. Un dispositif, certes, efficace – il aura suffi de 48 h pour identifier les lots contenant de la viande de cheval – mais pas infaillible. Les minerais de bœuf, blocs de viande non valorisée en frais, fréquemment utilisés dans les plats préparés, sont, notamment, plus compliqués à tracer. “Dès lors que vous avez un produit stabilisé, comme le minerai de viande surgelé, il peut voyager longtemps et sur de grandes distances, explique