Points de Vente : On observe actuellement un manque de motivation et d’engagement en magasin… d’où vient-il ?Céline Laurenceau : D’abord, il faut préciser que ce personnel (composé d’employés libre-service dits ELS, de chefs de rayon et de secteur), est souvent très attaché à son enseigne. Mais on note, en effet, une panne de sens et une démotivation, issues de changements stratégiques subis mais non compris. En général, les décisions sont prises au niveau du top management, et “tombent” sans transition ni explication. Sur le terrain, les questions fusent : “quel est le contenu de mon travail, mes objectifs de carrière ? Devenir directeur de magasin, est-ce que ça fait toujours rêver ?” On constate aussi une perte de repères, liée au modèle de l’hypermarché en crise : “Où va-t-on ? Quelle est la cohérence des mouvements de balancier venus du siège entre centralisation et décentralisation ? Est-ce que je reconnais encore l’enseigne pour laquelle je travaille ?” L’absentéisme, enfin, est un enjeu financier et organisationnel majeur, qui désorganise fortement les équipes terrain.
Est-ce lié à une évolution structurelle du métier de la distribution ?Oui, complètement ! Les employés de magasin travaillent de plus en plus, par exemple, sur plusieurs rayons. Auparavant, l’appartenance à un rayon définissait leur territoire de fierté : “mon rayon est beau, propre”, “je suis le spécialiste du jouet, de la boisson”. Si demain, je ne suis plus affecté à un rayon mais à des équipes transverses, que devient-il ? L’autre enjeu, c’est la polyactivité croissante dans les petites et les moyennes surfaces : par exemple,