“Nous restons optimistes !”

Malgré la crise, les projets immobiliers et commerciaux fleurissent. En témoigne le succès annuel du salon du retail et l’immobilier commercial (SIEC), qui s’est tenu les 13 et 14 juin derniers. Retour sur l’événement avec Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC). Avec -2,2% de fréquentation et -4,6% de performance en avril dernier, les résultats des centres commerciaux ne sont pas très bons. La crise pèse-t-elle sur les projets 2012?L’embellie inédite que nous avons connue jusqu’en mars dernier a été stoppée net, au moment de la campagne électorale. Et on ne peut s’empêcher de penser que lorsque neuf candidats sur dix martèlent que la France se trouve dans une situation catastrophique et qu’il faudra faire des sacrifices, les gens arrêtent de consommer pour épargner. Malgré cette mauvaise conjoncture, on répertorie pourtant plus de 200 projets de développement et, bon an, mal an, nous continuons à produire entre 400?000?et 650?000?m2 par an. Il n’y a donc pas de gel des activités, même si les enseignes se montrent plus prudentes. Les crises sont, au contraire, des périodes riches en nouveaux concepts, plus mobiles, plus adaptables et, surtout, plus adaptés aux consommateurs.Parmi les 13 projets commerciaux sélectionnés par le CNCC et exposés au SIEC, nombreux sont ceux qui ont mis l’accent sur le multicanal: est-ce un axe de développement prioritaire?Deux éléments sont effectivement importants: l’interaction entre e-commerce et commerce physique et l’attractivité des centres commerciaux d’un point de vue architectural, organisationnel ou du merchandising. Séduire une clientèle très sollicitée par d’autres formes de commerce, comme le e-commerce ou les magasins de proximité, est aujourd’hui la préoccupation principale des développeurs de projets. Car l’on sait que, de toute manière, les gens n’acceptent de se déplacer dans les centres commerciaux que s’ils sont sûrs d’y trouver du plaisir. Notre problématique est donc celle d’apporter, dès aujourd’hui et demain, modernité et divertissement aux consommateurs.Que répondez-vous à ceux qui présagent la mort de l’hypermarché?Évoquer la mort de l’hyper n’a pas de sens, sinon à se faire peur. J’ai malheureusement le privilège de l’âge et j’entends cette menace depuis un certain nombre de décennies?! En réalité, les hypermarchés restent de solides locomotives. Les gens les fréquentent encore de manière massive et ce n’est pas demain que cela va s’arrêter. La preuve, on a eu durant ces derniers mois, des ouvertures de centres commerciaux exceptionnellement favorables: la gare Saint-Lazare à Paris, Confluence à Lyon et Atoll à Angers. À travers ces trois projets amitieux, on a pu constater que lorsque l’on propose des espaces innovants, de qualité, confortables et faciles d’accès aux visiteurs, ils répondent présents. La piste nous est clairement indiquée: plus nous donnerons au consommateur, plus celui-ci viendra nous voir.Le contexte économique ne semble pas vous faire peur… Qu’est-ce qui vous rend si optimiste?Vous savez, malgré la crise, les affaires continuent. Et puis la France a connu une situation plus favorable que d’autres pays. Contrairement à l’Allemagne, par exemple, la crise n’a pas impacté la consommation avant 2010: il y a une réelle capacité de résistance des commerces en France, qui n’existe nulle part ailleurs en Europe. Peut-être parce que les Français vivent dans un système où la protection sociale conforte la consommation. Et, vous savez, le consommateur carbure à la confiance. Ce que je souhaite, pour cette année, c’est que le commerce connaisse l’état de grâce qui succède normalement à l’élection présidentielle et que la fréquentation en magasins redémarre, malgré les difficultés conjoncturelles.

“Nous restons optimistes !”

SIEC 2012