Si les seniors n’étaient pas là, les entreprises resteraient-elles en gestation? En panne sèche de créativité? Pour éviter cette situation, Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement Productif et Michèle Delaunay, ex-ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, ont pris les devants en lançant le projet de “Silver economy”. Censé répondre aux personnes âgées en perte d’autonomie et en situation de dépendance partielle, il donne l’opportunité “à nos entreprises d’imaginer, de développer et de distribuer des produits et des services qui serviront l’autonomie des âgés de demain, en France et dans le monde”. Ambitieux. Mais en réalité, cela va surtout permettre de réduire les coûts de santé. Pour autant, il faut reconnaître que derrière ce calcul économique, il y a un changement de discours: ne plus considérer le vieillissement comme une fatalité, mais comme un tremplin économique.
La France compte 15millions de personnes de plus de 60 ans. Et plus de 30% de la population aura plus de 60 ans en 2035. Un marché substantiel qui offre des opportunités importantes aux industriels pour peu qu’ils soient capables de repenser les biens et services qu’ils proposent.
Ce qui est, sur le papier, enthousiasmant, l’est moins sur le terrain. Notamment en raison des disparités de revenus au sein des seniors. On constate, en moyenne, une baisse de la consommation à partir de 65 ans. Un retrait qui s’explique, en partie, par le manque d’intérêt des entreprises qui peinent à comprendre cette cible et, du coup, à lui proposer des produits adaptés tant à son porte-monnaie qu’à ses besoins. Dommage, car elles se privent d’un marché conséquent: la tranche des 50-60 ans encore actifs conserve un fort pouvoir d’achat.
Dans ce contexte, la Silver Valley, réseau de 170 acteurs franciliens de la filière “Silver Economy”, permet d’accompagner les entreprises dans leur stratégie d’innovation, afin de mieux comprendre les usages et les besoins des seniors, mais aussi de les aider à trouver des financements publics ou privés. D’ailleurs, l’association finance un certain nombre de projets portés par des start-ups avec le dispositif de la Bourse Charles Foix, en fonction des thématiques prioritaires pour les retraités. “Cette année c’est l’habitat, la vie sociale et la mobilité”, souligne son directeur, Benjamin Zimmer. L’association permet, également, le rapprochement entre grandes entreprises et PME. De quoi favoriser les synergies et permettre aux plus petites entreprises de bénéficier de la notoriété et de la force de frappe des plus grandes. Certains projets étant complètement intégrés afin qu’ils puissent passer à une phase industrielle.
Il reste un point noir: la distribution. Séduire les grandes enseignes et les sociétés de services est un des grands chantiers de la Silver Valley.
Si les acteurs économiques ne sont toujours pas en phase avec le marché, qu’en sera-t-il demain? Car l’arrivée des personnes âgées issues de la génération Y, smartphone greffé à la main et, bientôt, montre connectée à leur poignet, va sensiblement modifier les codes de la consommation des seniors dans les prochaines années. Pour le meilleur? Aux entreprises de le décider. Mais surtout de ne pas les oublier.