Solide mais fragile. C’est tout le paradoxe de l’industrie agroalimentaire, à la fois tirée par ses grandes multinationales, mais qui compte tout autant de petites PME et de producteurs mis en difficulté par une crise contagieuse dans la zone euro, la volatilité des marchés agricoles et des politiques expansionnistes génératrices de spéculation. Auteur de l’étude publiée par Coface, Industrie agroalimentaire : toujours solide mais attention à la volatilité des cours, l’analyste économiste Christine Altuzarra observe, à l’échelle mondiale, l’influence du contexte macroéconomique sur un secteur tout en forces et en faiblesses.
Votre étude accorde une place importante aux prix des matières premières : la volatilité pourrait-elle mettre en péril l’industrie agroalimentaire ?C’est, de loin, le problème majeur de toute la filière agroalimentaire, de l’exploitant jusqu’à l’étiquette finale. La volatilité, qui reste à un niveau de prix élevé, devrait se poursuivre, en raison de multiples facteurs. Des niveaux de stocks de blé trop bas et des problèmes climatiques comme La Niña qui est en train de gagner toute l’Asie du Sud-Est ou encore les inondations dans le Pacifique et les sécheresses au Texas et en Colombie, pèsent comme des menaces sur les prochaines récoltes et contribuent à la hausse des prix.
Pourtant, les cours des matières premières sont aujourd’hui plutôt à la baisse : comment expliquez-vous cette volatilité constante ?L’un des plus gros producteurs de sucre, le Brésil, privilégie actuellement la culture du blé pour l’éthanol, subventionnée par l’État brésilien, à celle du blé alimentaire. Mais lorsque les prix du sucre alimentaire explosent, les producteurs de canne à sucre y consacrent à nouveau une plus grande partie de leurs