Quel rôle joue Progressive Grocer, sorte d’ancêtre américain de Points de Vente, auprès des petits commerçants, aux États-Unis? Franck Cochoy. Conçue sur le modèle du gratuit, cette revue qui a pour vocation de mettre en relation les épiciers indépendants avec leurs fournisseurs et équipementiers, est un acteur majeur du secteur. Bien qu’ancienne – elle est née en 1922 – elle reste encore très active. En 1920, le petit commerce était en train de se faire dépasser par les chaînes de magasins puis, quinze ans plus tard, par les supermarchés. Progressive Grocer était donc un bon moyen de vendre à un public se sentant menacé des outils censés permettre de se défendre contre la concurrence. Mais ce qu’il est surtout intéressant d’observer, c’est le vent de modernité qu’a insufflé ce journal. Quand on a lu Au Bonheur des dames de Zola, on garde toujours en tête le modèle passéiste du commerce indépendant qui n’évolue pas et se laisse manger par des formes émergentes de retail! Or, c’est le premier secteur à avoir su enclencher des transformations. Comme son nom l’indique, Progressive Grocer s’inspire du courant culturel américain, la Progressive Era, apparu entre 1890 et 1920 et qui a engendré d’importantes réformes politiques, économiques et sociales en réponse à la révolution industrielle.
Quelles sont les évolutions majeures du petit commerce?Je distinguerai deux mouvements qui se sont à la fois succédé et superposé. Le premier s’est articulé autour de l’idée d’amélioration du service, grâce à la modernité, et le second a reposé sur une véritable transformation du commerce, incarnée par le libre-service. Aujourd’hui,