“Les robots feront d’excellents supports marketing”
Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, auteur du livre “Le jour où mon robot m’aimera” (éditions Albin Michel)
Pourquoi les enseignes de la grande distribution s’intéressent-elles aux robots humanoïdes?Serge Tisseron. Dans les grands magasins, aujourd’hui, les robots sont là pour attirer et amuser les consommateurs. Cela crée un effet de buzz certain, mais on n’en est pas encore arrivé au stade où les robots enverraient des informations directement aux fabricants qui s’en serviraient pour faire de la publicité ciblée. Ils ne sont pas, non plus, télé-opérés par les programmeurs qui verraient et entendraient tout ce que dit et fait le client. Actuellement, nous sommes plutôt dans une phase d’expérimentation destinée à voir comment les utilisateurs acceptent les robots. C’est aussi une façon de présenter les produits autrement et de relancer l’intérêt des gens pour des espaces de vente. Mais les robots vont devenir de plus en plus sophistiqués dans leurs capacités de thésauriser et traiter l’ensemble de leurs interactions avec les humains, y compris dans le domaine de leur vie intime. Il faudra alors trouver un équilibre satisfaisant entre le prélèvement et le traitement des données des usagers d’un côté, et la protection de leur vie privée d’un autre côté. La société française est-elle prête à les accueillir ?Oui, à condition qu’ils ne soient pas trop anthropomorphes. Contrairement aux pays orientaux, les Français ne vivent pas en paix avec les androïdes pour lesquels ils éprouvent un mélange d’extrême attirance et d’extrême angoisse. On a tous rêvé de robots devant les films de science-fiction, mais dès qu’ils savent parler comme nous, cela devient effrayant. Leur voix est d’ailleurs volontairement maintenue avec une tonalité métallique. Cette angoisse vient de notre culture chrétienne, selon laquelle créer une créature vivante reviendrait à vouloir s’égaler à Dieu, et donc à être puni. Mais plus simplement, ce que