La promotion d’Intermarché sur le Nutella a provoqué différentes réactions au sein de la population française. De façon presque dichotomique, il y avait le camp de ceux qui se passaient le message pour en profiter et, de l’autre, celui des critiques, dénonçant les dérives de la société de consommation. Comment expliquer cette scission au sein de la communauté de consommateurs? Dominique Desjeux. Tout d’abord, il faut rappeler que la France est divisée en deux. Une moitié des Français ont des problèmes de pouvoir d’achat, c’est une donnée de base que l’on oublie toujours?! Certains parents avec deux enfants touchent 2?500?euros par mois et dépensent dans les courses près de 700?euros. Après avoir payé le logement et les transports, il ne reste plus grand-chose pour le reste. Cette consommation sous contrainte budgétaire est un facteur de stress. Dans l’affaire du Nutella, l’autre partie de la population qui ne rencontre pas ces difficultés a pu paraître assez méprisante – notamment à travers leurs commentaires sur les réseaux sociaux – envers ces personnes défavorisées, qu’un rabais ou la promesse d’une bonne affaire vont attirer en magasin. Sur Internet comme dans certains articles de presse, une catégorie de consommateurs a porté un jugement critique sur une autre.
Qu’est-ce qui pousse les gens à agir ainsi? Ce sont des mécanismes inconscients. Je distinguerais deux grands types de comportement, relevant soit de l’imaginaire messianique, soit de l’imaginaire apocalyptique. D’un côté, on a le marketing publicitaire qui génère