Comment ont évolué les pratiques des acheteurs dans le secteur de la distribution et du commerce? Olivier Wajnsztok: Ce qui a changé, c’est que la stratégie d’achat n’appartient plus seulement aux acheteurs mais s’intègre désormais dans une stratégie globale d’entreprise. Il ne faut pas oublier que les quatre choses qui intéressent un PDG sont: la marge, le chiffre d’affaires, le cash et la gestion des risques. Les achats doivent donc systématiquement contribuer à assurer ces quatre leviers. Historiquement, le secteur de la distribution et du commerce a été plutôt fort pour aider à augmenter le chiffre d’affaires et la marge, pas trop mauvais pour améliorer le cash. En revanche, il lui reste des efforts à faire sur la gestion des risques. Car plus ça va, plus ce domaine devient important. Prenez le cas des usines de textile qui se sont effondrées au Bangladesh, en avril2013: le choix des fournisseurs n’a jamais été aussi déterminant pour l’image de l’entreprise. Et pour cause, avec la mondialisation, dès qu’il y a un problème à l’autre bout du monde, cela a obligatoirement des conséquences sur le fournisseur. Les événements à Fukushima et les inondations en Thaïlande ont ainsi gelé l’activité des fabricants de mémoire d’ordinateur durant plusieurs mois, entraînant une chute de la production d’ordinateurs. C’est l’effet papillon: un battement d’aile au Japon a un impact sur les fournisseurs qui livrent en France.
Pourquoi les distributeurs sont-ils plus faibles sur la gestion du risque que d’autres secteurs?Contrairement à l’automobile, la notion de qualité des fournisseurs n’est arrivée que beaucoup plus tard dans la distribution, en partie parce que les enseignes ont rencontré moins de problèmes, par le passé, que les industriels. L’avènement des MDD sur le marché a changé la donne. Dans ce domaine, on est un peu dans une logique de “learning by doing”.