Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Insee, en 2013, on comptabilisait 790?000 commerces en France. Parmi eux, 507?900 sont des commerces de détail. Il y en avait encore 850?000 en 2010 et… 1,5?million à la fin des années 20.
Pour le bureau d’études de la fondation Procos, 2014 est l’année où les centres-villes se sont un peu plus désertifiés. Avec de fortes disparités. Si les grandes agglomérations et les villes touristiques résistent assez bien, les ensembles urbains, jusqu’à 250?000 habitants, n’ont pas cette chance. Les communes dont la population est comprise entre 50?000?et 100?000 habitants franchissent même le seuil symbolique des 10% de taux de vacance. Au-delà de la crise économique, de l’exode rural dans certaines régions, de la multiplication des grandes surfaces, de la création massive de centres commerciaux aux périphéries, de l’émergence du e-commerce, il semble que les racines du mal soient plus profondes. Certains pointent du doigt le manque d’attractivité persistant des centres-villes. D’autres, la hausse des coûts de l’immobilier commercial, des charges, des loyers, rendant problématique la reprise d’un espace libéré. Le taux de vacance atteint 9,1% à Paris, davantage que la moyenne nationale (8,5%). Avec des pics de près de 20% dans des villes comme Béziers ou Limoges. Pour y remédier, les élus locaux tentent de reprendre la main sur l’offre commerciale en ville au travers d’initiatives. Un “Monsieur Commerce” est parfois nommé, comme à Nantes ou Toulouse, pour trouver la formule magique qui fera revenir les clients dans les zones commerçantes en proposant un marketing mix optimum d’enseignes. Somme toute, comme un directeur de centre commercial capable d’anticiper la demande et d’offrir une offre attractive de commerces complémentaires.
Au-delà des centres-villes, les périphéries ne sont pas épargnées. Un centre commercial sur 5 dépasse les 10% de vacance. Là aussi, les disparités sont au rendez-vous. Fruit d’une probable saturation, le taux de vacance est d’autant plus important que le centre commercial est récent. Ce qui n’empêche pas une hausse constante de m2 supplémentaires. Normal: pour les acteurs du secteur, l’étiologie n’est clairement pas liée à une offre trop abondante. Certains professionnels poussent, d’ailleurs, le déni jusqu’à affirmer que le phénomène de vacance est un problème de centre-ville, pas de centre commercial.
Un nouveau dynamisme commercial semble, toutefois, pointer avec l’émergence des pop-up stores. Ces magasins éphémères pourraient-ils enrayer, pour partie, le phénomène de vacance? La tendance est à la multiplication de ces surfaces restreintes, vitrines supplémentaires et à moindre coût des enseignes. Les tests se multiplient. D’autant que, pour la première fois depuis 3 ans, les intentions de consommation, pour la période de Noël, repartent à la hausse. On a ainsi vu des enseignes déployer, depuis 6 mois, des stratégies agiles et novatrices pour profiter du rebond annoncé. Jusqu’où? Le modèle éphémère pourrait-il devenir une réponse durable si les tests en cours se révèlent fructueux ? Réponse en début d’année prochaine. Quand on met le doigt dans le pot de confiture…