Le grand saut digital

C’est une première pour la Fnac. En lançant, en octobre dernier, Digicopy, un service de copie numérique offert à tous ses adhérents et aux utilisateurs de Fnac.com, l’enseigne fait un grand pas vers la dématérialisation. Le concept est simple: pour tout disque - CD ou vinyle - achetés en magasin ou sur son site Internet, la Fnac en propose, gratuitement, la version numérique au format MP3. Une fois leur achat effectué, les clients de l’enseigne peuvent se rendre sur le site www.fnacjukebox.com pour télécharger la version dématérialisée d’un titre ou de l’album intégral qu’ils pourront transférer sur leurs appareils mobiles. Plus de 200?000 albums éligibles ont fait l’objet d’un accord entre la Fnac et les maisons de disques, à l’exception des produits d’import ou achetés via la marketplace de l’enseigne.Si la Fnac espère, ainsi, surfer sur la reprise inattendue des ventes de disques au 1er semestre 2013, en hausse de 6,1% (+ 6,4% des ventes de disques physiques et +5,5% des numériques) pour un chiffre d’affaires de 217,8 M€ selon le Syndicat National de l’Edition Phonographique (SNEP), son offre dématérialisée n’a, en revanche, rien d’inédit. Depuis cinq mois, Amazon propose, en effet, un service similaire en France, sous le nom d’Autorip. Conscient de s’être fait doubler par son concurrent, La Fnac espère néanmoins jouer de sa différence sur la qualité sonore de ses copies et l’immédiateté de cette offre, sur le web comme en magasin. Digicopy L’arme anti-Amazon Face à Amazon, la Fnac contre-attaque? Après le duel Kobo et Kindle, l’enseigne française entre à nouveau dans l’arène, cette fois pour concurrencer l’américain sur le terrain de la dématérialisation avec Digicopy, cinq mois après la sortie d’Autorip. Un positionnement qui ne se résume toutefois pas qu’à un réflexe défensif selon Cyril Besse, senior manager chez CGI business consulting: “La stratégie d’Alexandre Bompart, c’est de miser sur la proximité en ouvrant des Fnac plus petites dans les zones urbaines pour avoir un maillage plus important sur le territoire et se développer sur le multicanal”. S’aligner sur les prix des géants du web tout en préservant des parts de marché en magasin, c’est donc le savant équilibre que recherche la Fnac depuis deux ans. Et la stratégie se révèle plutôt payante: ”Leurs parts de marché augmentent et ils ont su préserver leurs marges. A priori, c’est le signe que l’enseigne est sur la bonne trajectoire”, observe Cyril Besse. Trois questions à Olivier Garcia, directeur musique, vidéo et son, Fnac Que révèle Digicopy sur le positionnement de la Fnac?Notre objectif est de revaloriser le segment des disques physiques dont le marché s’érode largement depuis cinq ans. Digicopy s’inscrit donc clairement dans une stratégie globale de la Fnac sur le digital, en droite ligne avec ce que nous proposons sur le livre numérique avec notre partenaire Kobo. Nous réfléchissons en permanence quels services digitaux nous pourrions proposer à nos clients sur l’ensemble de nos produits. Et cela faisait un petit moment que, sur le disque, nous réfléchissions à une offre de copie numérique avec les labels et les maisons de disques. Nous avons démarré avec les principaux labels - Universal, Sony, Warner, Naïve, Wagram – et nous sommes en train de terminer l’ingestion des autres catalogues. Au total, 95% des maisons de disques avec lesquelles nous travaillons ont accepté ce service. Sauf qu’Amazon, en juin dernier, vous a pris de court en sortant Autorip…C’est vrai. La mise en place d’un dispositif de dématérialisation est moins complexe pour un pureplayer qui ne dispose que d’un seul canal que pour nous qui sommes multicanaux, ce qui a impliqué un développement plus long. Mais il était hors de question que nos magasins ne puissent pas bénéficier de ces services-là?! La différence avec Amazon se fera, avant tout, sur la qualité sonore puisque notre ambition est d’encoder tous nos albums en haute qualité 320Kbps. Nous avons, en outre, décidé de faire un beau cadeau à nos adhérents en leur offrant la rétroactivité du service Digicopy depuis le 1er?janvier 2012. C’est, certes, moins que ce que propose Amazon, qui remonte jusqu’en 2000 mais lorsque l’on est, comme la Fnac, leader du secteur, avec 35% de parts de marché sur les disques, les droits à régler auprès de la Sacem sont très importants?! Quelles sont vos ambitions sur ce nouveau marché?Continuer à gagner, comme nous le faisons, des parts de marché tous les mois. Les ventes ont progressé avec la fermeture des magasins Virgin et l’on compte bien poursuivre cette dynamique avec Digicopy, en apportant un service supplémentaire par rapport à nos concurrents de la GSA qui ne vendront que des supports physiques sans leur équivalent digital. Nous projetons que 30% à 40% des clients viendront récupérer leurs copies digitales et, déjà, l’on est assez surpris de la réactivité de nos clients. Depuis le démarrage de Digicopy, nous avons déjà enregistré 30?000 téléchargements?! Reste, maintenant, à faire connaître le service et à le rendre visible.