Le grand raout du bio

Tous les deux ans, le bio a son événement. Organisé par Organics Cluster, le salon Bio N’Days, qui s’est tenu les 6 et 7?avril derniers, consacre trois jours aux acteurs de la filière bio et leur offre la possibilité de rencontrer les distributeurs. Pour cette 4e édition, plus de 1?000 rendez-vous professionnels ont été organisés, signe de l’intérêt croissant des distributeurs pour les produits bio. “Ce salon est le reflet du dynamisme de la filière. En 2010, nous ne comptions que 200 participants. Nous avons doublé le nombre de participants en quatre ans et sommes passés du 6 à 12 pays représentés”, affirme Nicolas Bertrand, directeur du développement des Bio n’Days. La France est le deuxième marché le plus dynamique d’Europe après l’Allemagne sur l’offre bio. En quelques années, le nombre de distributeurs spécialisés a explosé. “Il y a un réel intérêt pour l’innovation bio”, ajoute le directeur. Le marché évolue : plus l’offre bio prend de la place dans les linéaires, plus elle se spécialise. “La qualité bio ne suffit plus. Le consommateur attend aussi de la praticité, du local, du commerce équitable”, observe Nicolas Bertrand. Ces nouvelles attentes des consommateurs ouvrent des perspectives de marché aux acteurs de la filière.Aide à l’innovationMais sur un marché composé à 70% de TPE, nombreuses sont les entreprises qui ont besoin d’un coup de pouce à l’innovation. Organics Cluster, qui compte 170 adhérents des secteurs de l’alimentaire, de la cosmétique ou encore du textile, accompagne les acteurs du bio dans l’amélioration de leurs performances industrielles et marketing. “Nous aidons les entreprises à se développer et à tisser des relations entre elles, ainsi qu’avec les centres de recherche et de formation”, explique Nicolas Bertrand. Son objectif: assumer la dimension écologique du bio et contribuer au développement économique du secteur. En croissance de 10% par an (et 20% pour l’alimentaire), le bio est un secteur bouillonnant où de nouvelles entreprises éclosent chaque année. Les projets d’innovation fleurissent autour des préoccupations des Français: la nutrition végétale, le respect de l’environnement et le dynamisme local. “Plus aucun consommateur ne comprend, aujourd’hui, pourquoi il doit acheter ses pommes bio en provenance d’Argentine”, concède le directeur pour qui, vendre des produits locaux et de saison est une démarche cohérente pour les acteurs du bio. Dans ce sens, Organics Cluster a d’ailleurs créé une marque régionale, Bio Rhône-Alpes, pour valoriser les entreprises de la région.Sécuriser les filièresÉlargir l’offre bio en France demande, toutefois, un travail sur les conversions et la sécurisation de la filière. “Le bio ne représente que 4% des surfaces agricoles en France. Il y a un vrai enjeu de crédibilité pour les acteurs du secteur qui doivent pouvoir fournir les matières premières en quantité et en qualité, et éviter l’importation de produits dont on n’est pas sûrs de la qualité du bio”, affirme Nicolas Bertrand. Une exigence de qualité qui soulève l’inévitable question du prix. Car pour rendre les produits bio plus accessibles, les industriels doivent effectuer des baisses de prix. Les MDD ont déjà contribué à la déflation du bio en GMS, les marques nationales s’y mettent peu à peu. “L’exercice de massification est envisageable sur le marché du bio”, maintient le directeur. Mais pas question, pour autant, d’affaiblir la filière. “Si l’on paie mieux les producteurs, que les produits sont meilleurs et fabriqués dans le respect de l’environnement et des salariés, les Français seront prêts à débourser un peu plus cher”, ajoute-t-il. Et pour que le bio s’épanouisse à horizon 2025, ce dernier table sur la collaboration entre les entreprises et la co-construction avec le consommateur, garant de la pérennité de la filière.