Alors que le projet de loi pour “un nouveau modèle énergétique” vient d’être présenté en conseil des ministres, la question de la transition énergétique tant évoquée lors de la campagne présidentielle, mais quelque peu occultée, ces derniers temps, par l’euphorie du Mondial de football, le scandale Bygmalion ou, encore, la grève de la SNCF, revient en force, sur le devant de la scène. Efficacité énergétique, développement des énergies renouvelables, impact carbone: ces grands thèmes chers à l’écologie font désormais partie du quotidien des entreprises… Et des consommateurs. Pour preuve: malgré une conjoncture morose, 32% des Français considèrent que le problème de l’emploi ne doit pas faire oublier les enjeux environnementaux, indique le baromètre annuel Ethicity. Plus: 33% des personnes interrogées jugent que les distributeurs – et 35% les industriels – ont un rôle concret à jouer pour agir concrètement en faveur du développement durable.
Un message entendu par les enseignes. En 2012, celles-ci se sont engagées à fermer 75% de leurs meubles en froid positif, à l’horizon 2020. Un objectif qui devrait être atteint, à juger de la progression du taux d’équipement et du nombre de magasins déjà pourvus de ces installations. Du côté des industriels, l’Ania prévoit, dans son plan industriel agroalimentaire, de “prendre le leadership du froid durable” pour répondre aux enjeux de transition écologique, tout en garantissant des produits de qualité optimale. Un passage à l’action qui reste majoritairement conditionné par les économies. “Faire des économies est le premier facteur de motivation à la mise en places d’actions environnementales”, révèle Greenflex, dans son Observatoire 2013 des diagnostics Gaz à Effet de Serre (GES). Léa Nature affiche, ainsi, avoir réduit de 21% sa facture d’électricité et de -100% son coût annuel de chauffage de l’eau des sanitaires. Bel a baissé de 11% ses émissions de CO2 sur 3 ans et de 18% sa consommation de fuel et de gaz en cinq ans. Écologie rime donc avec économie.
Malgré ce bilan positif, beaucoup d’acteurs sont encore à la traîne. Sur les 205 entreprises participant à l’Observatoire GES et énergie, 51% prévoient de mettre en place des actions dans ce domaine. Soit à peine plus de la moitié. L’autre moitié devrait, cependant, bientôt se sentir davantage concernée puisqu’une réglementation européenne va rendre l’audit énergétique obligatoire dès décembre2015 pour les entreprises de plus de 250 salariés (ou plus de 50?M€ de chiffre d’affaires). Une mesure destinée à atteindre l’objectif du paquet énergie-climat 2020 en termes d’efficacité énergétique (20%, soit 35 Metp en France) et qui devrait, selon l’Ademe, faire économiser aux entreprises jusqu’à 10% sur leur facture énergétique. Pour atteindre ces objectifs, de plus en plus d’industriels parient sur les energy managers: ces responsables énergie chargés de déployer la politique énergétique de l’entreprise grâce au pilotage d’un système de management de l’énergie. Une façon d’optimiser les moyens et d’améliorer les performances de l’entreprise.
De nouvelles fonctions et des outils auxquels trop peu de PME ont malheureusement accès, faute de temps et de moyens. En 2013, elles ne sont que 28% à avoir réalisé un diagnostic GES. Pour les autres, les économies d’énergie ne sont pas la priorité. Et le retour sur investissement (cinq ans en moyenne) pour l’installation d’équipements moins énergivores est trop long pour des entreprises au compte de résultat déjà fragile. Or, l’inaction a un coût, entre évolutions des prix de l’énergie, taxe carbone et perte de biodiversité. Et si celui-ci demeure faiblement mesuré – seulement 7% des entreprises interrogées par Greenflex l’ont estimé –, il s’ajoute aux dépenses contraintes, aux prix de production et aux aléas des marchés mondiaux… La goutte d’eau peut, à terme, faire déborder le vase. À quand la transition énergétique pour tous ?