L’architecture biologique

Des produits sains, dans un magasin sain. L’enseigne bio y pense depuis plusieurs années. Isolation thermique et phonique réalisée en panneaux de fibres de bois, sol en terrazzo issu de la valorisation des résidus de carrières de marbre et de verre recyclé, ou encore récupération de la chaleur des générateurs de refroidissement pour chauffer le magasin. Ces techniques, pensées pour limiter l’impact sur l’environnement, sont maintenant bien rodées. Désormais, Naturalia va plus loin dans la démarche de conception écologique. “En recherchant des matériaux biologiques et en retravaillant l’agencement de nos points de vente, nous sentions que nous pouvions améliorer le bien-être de nos clients mais, aussi, de nos vendeurs”, commente Alain Carini, directeur général de Naturalia. Et c’est chose faite. Par le label C’Bio, Construction Biologique, ouvert à tout type de bâtiment, l’enseigne est capable de mesurer les champs électromagnétiques et la qualité de l’air ambiant via des relevés climatiques au niveau de Saint-Cloud et l’étude des masques solaires pour optimiser la récupération de la lumière naturelle. Soit évaluer l’ensemble des ressources du site pour les valoriser, au mieux. Basse consommation C’est donc un travail approfondi qui a été mené, en amont, pour trouver les fabricants capables de respecter les normes du label. Si le coût du chantier n’a pas été communiqué, le directeur de Naturalia espère pouvoir dupliquer certains éléments sur son réseau. “De la même manière que nos clients paient un peu plus cher pour l’achat de produits biologiques, nous sommes prêts à construire des magasins plus onéreux mais qui assurent une cohérence avec notre métier. Et lorsque nous industrialiserons une partie de nos matériaux, présents dans ce magasin pilote, nous ferons baisser les coûts”, assure-t-il. Soit faire converger architecture et agriculture biologique, sans fioriture marketing. Mais en ouvrant la voie au design responsable pour réaliser des économies durables, à long terme. Réglementation BBC Contrôler l’énergie est une priorité pour Naturalia, premier magasin à être un bâtiment de basse consommation, aujourd’hui, en France. “La réglementation BBC pour le commerce n’existe pas. C’est une démarche volontaire de la part de l’enseigne”, souligne Corinne Bullat, assistant de maître d’ouvrage. Les spots ont donc été conçus spécialement pour l’enseigne afin de pouvoir changer uniquement l’ampoule. Et grâce aux trois fenêtres de la façade, 30% des spots sont actuellement éteints. Bien-être vendeurs En étudiant les énergies liées à l’activité terrestre (failles, courants d’eau) et en testant les individus physiquement avec des analyses kinésiologiques, l’architecte a distingué des espaces où le taux d’énergie était faible. “Ce n’est pas du feng shui, ni une vision ésotérique, mais une démarche concrète et physique”, martèle Sébastien Maniglier de XXM Architectures. Ces résultats ont guidé l’orientation de certains agencements du magasin, dont la ligne de caisse pour assurer un bien-être aux vendeurs. La certification Ouvert en 2012, il a fallu deux ans d’observation avant de pouvoir labelliser le magasin de Saint-Cloud C’Bio, Construction Biologique. C’est le délai imposé pour relever et analyser, en réel, les résultats avant de les valider. Le label repose sur 4 cycles: l’air pour la respiration, l’eau pour la transpiration, la terre pour les matériaux, le feu pour la lumière et le chauffage. Air purifié 138?µg/m3. C’est la totalité des polluants présents dans le magasin de Saint-Cloud, produits de ventes compris. Alors que le seuil de la réglementation française est fixé à 1?000?µg/?m3, le seuil label C’Bio, Construction Biologique est à 200?µg/m3. “Le taux de la qualité de l’air est inimitable”, se félicite Corinne Bullat, assistant de maître d’ouvrage. Des capteurs disposés dans le magasin permettent de relever les microgrammes avant d’être analysés en laboratoire. Installation bio compatible Pour lutter contre les pollutions électromagnétiques, les équipes d’électriciens ont été formées par Claude Brossard qui travaille sur l’électricité bio compatible, soit l’évacuation par les égouts. Concrètement, ce sont des prises de terre qui captent les champs électromagnétiques, émergeant des prises de courant, à travers un chemin de câbles recouvert de fils en cuivre qui relie les masses métalliques entre elles. Recherche de nouveaux matériaux De la tête au pied, il a fallu sélectionner des matériaux à faible empreinte carbone et recyclables. Le carrelage Bio 2 Clean, construit en mono particule, possède des principes actifs. Il est antibactérien et assainissant, absorbant certains COV (composé organique volatil). D’autres matériaux neutres ont été utilisés, comme le bois de Mediland pour le plafond, la ouate de cellulose qui se compose de papier recyclé pour l’isolation par insufflation, ou encore le béton cellulaire.