Consommer. D’un acte quotidien, tantôt banal, tantôt nécessaire, parfois jouissif, la crise en a fait un obstacle de plus au pouvoir d’achat des Français. Résultat : ils consomment moins. Selon l’Insee, les dépenses des ménages en biens ont reculé, en moyenne, de 0,5 % en 2011. Du jamais vu depuis quatorze ans, y compris pendant la période de récession de 2008-2009. Même la dinde et le foie gras de Noël en ont pris un coup : la consommation a chuté de 0,7 % en décembre dernier. Face à une inflation grandissante, au chômage qui grimpe et aux perspectives d’une croissance atone, à 0,5 % pour 2012 : prudence, donc, dans les dépenses.
Certains annoncent déjà une ruée sur les produits d’épargne, Livret A en tête. D’autres parient sur un regain de consommation avant la hausse de la TVA à 21,2 %, prévue pour octobre prochain. Le grand retour des bas de laine ? Pas si sûr. Le bilan 2011 de l’assurance-vie n’est pas glorieux, avec des records de décollecte, à -14 %. Principale raison : des rendements moins intéressants, conséquence de la dévaluation de la dette grecque qui pèse sur les obligations. Et si le livret A, lui, s’en sort bien, les épargnants tremblent déjà du relèvement de la CSG sur leurs placements.
Or, pour épargner comme pour consommer, encore faut-il en avoir les moyens. Et côté pouvoir d’achat, les craintes demeurent. Les comptes publics sont dans le rouge et il faut trouver de l’argent. Renflouer les caisses, sur la base d’une assiette large, c’est le principe de la TVA et c’est le choix qui a été fait pour financer la relance de la compétitivité des entreprises. Au détriment du pouvoir d’achat ?
Oui et non. Oui, parce que ces hausses s’ajoutent à d’autres et pèsent encore un peu plus sur le budget des plus faibles. Non, parce qu’elles ne seront pas systématiques sur l’ensemble des produits de consommation et qu’elles seront compensées par des politiques d’enseignes en faveur des petits prix, pour que leurs clients continuent à acheter sous leur bannière.
Non, aussi, parce que le consommateur est malin. Esquivant les coups de butoir de l’inflation réelle et cachée, il “se mue en enquêteur”, selon L’Observatoire Cetelem 2011. Et plébiscite le virtuel. Avec des achats sur Internet en hausse de 11 % sur un an et 37,7 Mds€ dépensés en ligne, le e-commerce s’impose un peu plus comme l’alternative virtuelle de la consommation. On y compare les prix, on y trouve de bonnes affaires… L’émergence de l’opérateur Internet Free, débarquant dans l’univers figé des télécoms, avec son forfait mobile à 19,99 €, en est la preuve par le web. Le salut de la consommation passera-t-elle par le virtuel ?