Ils sont réunis aujourd’hui, mercredi 2 février, autour de Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat chargé du commerce, des PME et de la consommation. Distributeurs, représentants agricoles et industriels se retrouvent, une nouvelle fois, à la table des négocier. Au programme : “La volatilité des matières premières et ses conséquences sur les prix alimentaires, notamment issus de l’élevage”.
Il faut dire que le climat est plus que tendu cette année. La flambée des matières premières s’invite, sans y être conviée par tous, à la table des négociations des contrats annuels qui, en ce moment même (et jusqu’à fin février), font l’objet d’âpres discussions entre fournisseurs et distributeurs. Les industriels réclament des hausses de tarifs. Les principaux distributeurs s’y opposent.
Déjà l’Ania, par la voix de son président, Jean-René Buisson, avait tiré la sonnette d’alarme auprès du président de la République en dénonçant qu’à un mois de la fin des négociations commerciales, les distributeurs refusaient, systématiquement, les augmentations de tarifs des industriels mettant ainsi, en péril, l’équilibre financier de nombreuses entreprises. “Notre responsabilité, avait-il souligné, est de préserver le capital (…) que représentent en France les entreprises agro-alimentaires”.
De son côté, Serge Papin, président de Système U, appelle les principaux groupes de distribution français, Carrefour et Leclerc, à prendre leurs responsabilités. Clairement, les deux leaders du marché français ont annoncé qu’ils n’accepteraient pas de hausses. Une attitude qui mettrait sous pression fournisseurs et distributeurs concurrents, de taille plus modeste, sous couvert de défense du consommateur.
Sur son blog, Michel-Edouard Leclerc fait une différence entre “petits” et grands fournisseurs. Selon lui, la hausse des tarifs est “inéluctable” pour les PME issues du secteur agricole qui commercialisent des produits peu transformés. Une hausse qui doit, cependant, “rester proportionnelle à l’inflation des coûts d’approvisionnement”. Quant aux “grands”, leurs “prétentions sont énormes. Ca va de 8 à 17 % d’augmentation pour les produits à base de volaille, 6 à 15 % pour les denrées à base de laitage et de fromage, 18 à 49,5 % pour les cafés, 25 à 48 % pour les farines, mais aussi de 8 à 12 % pour les détergents, les produits d’hygiène-beauté”.
Et le consommateur dans tout ça ? Celui qui tire la croissance ? Est-il inscrit au cœur des réflexions ? Attention au retour de bâton quand l’inflation, trop vive, trop soudaine, enraye la possibilité, l’envie de consommer. Chaque acteur économique a toute légitimité de défendre ses intérêts. Mais à trop vouloir tirer la couverture de son côté, tout le monde pourrait y perdre…