Points de Vente : Selon vous, le marché de la distribution est saturé et les enseignes se cannibalisent. Que voulez-vous dire ?Benjamin Noudelberg : On est dans une situation paradoxale. D’un côté la pression immobilière est forte, les emplacements saturés… Les enseignes préfèrent occuper le terrain plutôt que de le laisser à la concurrence : c’est le seul moyen pour faire du CA additionnel. De l’autre, les nouveaux magasins qui s’ouvrent sont souvent en concurrence avec des unités de leur propre groupe. D’où un phénomène, inévitable, de cannibalisation. Je crois que la prochaine révolution, pour sortir de cette saturation de réseau, passera par l’hyperlocalisation – ou différenciation locale – du point de vente. En effet, on génère plus de CA additionnel avec deux concepts répondant à des moments de vie distincts, des clients différents, qu’avec des magasins similaires qui vont mécaniquement se cannibaliser. C’est un relais de croissance encore peu exploité.
Actuellement, la grande distribution présente un visage unifié, massifié. Pourquoi ?Historiquement, le modèle s’est construit sur une logique industrielle, de massification : on définit un assortiment, on optimise la logistique en amont, on négocie un grand nombre de produits en centrale, on les vend dans un maximum d’unités de vente… C’est plus facile à gérer. Du coup, le plus souvent, les gammes sont conçues selon la taille du magasin, et non selon la population de la zone de chalandise. Résultat ? On a créé un modèle