À quelques semaines de Noël, la distribution tire la sonnette d’alarme. Les premiers chiffres de l’impact du mouvement des gilets jaunes sur le commerce tombent. Ils font mal. Dès le premier round. Le 17?novembre, les hypermarchés et supermarchés auraient perdu, en moyenne, -35% de leur chiffre d’affaires sur les produits de grande consommation, en comparaison avec la moyenne des samedis depuis la rentrée de septembre, selon l’Institut Nielsen. De son côté, le CdCF (Conseil du Commerce de France) estime que sur cette journée, les commerçants ont subi un manque à gagner de 20% à 50%, voire près de 75% pour certaines enseignes. Et l’Alliance du Commerce annonce des pertes de chiffres d’affaires allant jusqu’à -80% en cette période cruciale de fin d’année.
Même constat à l’issue du deuxième round, le 24?novembre, lendemain du Black Friday. Alors que cette opération promotionnelle – qui marque le début de la saison des achats pour les fêtes de fin d’année et s’étend, en fait, tout le week-end –, connaît, depuis 2014, un développement exponentiel, les résultats affichent, cette fois, une baisse substantielle pour certains magasins physiques. Selon le CNCC, les centres commerciaux ont enregistré un recul de 9% de leur fréquentation sur l’ensemble du week-end, dont 15% le samedi, les blocages des routes et ronds-points ayant fortement pénalisé, en province, les centres périphériques uniquement accessibles en voiture.
De fait, les consommateurs se sont heurtés à la fermeture de points de vente, totale ou partielle. Ils ont aussi été confrontés aux blocages des accès de certains magasins… ou ont simplement évité de se déplacer. Mais là où le bât blesse particulièrement en cette période d’activité cruciale pour le commerce, c’est au niveau de la livraison. Selon Nielsen, le 17?novembre, les quantités de marchandises reçues ont diminué de 22% par magasin. Et la machine continue de s’enrayer. Dans un communiqué commun, la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), Coop de France et l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) le constatent. Non seulement de nombreux magasins sont toujours bloqués, mais, en plus, des dizaines d’entrepôts ne sont plus en état de recevoir ni de livrer les produits. En conséquence, les approvisionnements d’un nombre croissant de points de vente ne peuvent plus être assurés, notamment pour les produits frais. Le constat en région est édifiant. Les Chambres de commerce et d’industrie s’en font largement l’écho et ouvrent des cellules d’aides aux entreprises. De nombreux commerçants et distributeurs se résignent aux ruptures de stocks de certains produits. Or, “en cette période de préparation des fêtes de fin d’année, les prochaines semaines constituent la principale période d’activité du commerce, celle qui permet aux commerçants d’équilibrer leur compte d’exploitation?!”, rappelle William Koeberlé, président du CdCF. L’ensemble des représentants de la profession demande aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour redresser la situation au plus vite, au nom de la préservation de la croissance et des emplois. Pour l’heure, les tentatives de dialogue entre les gilets jaunes et le gouvernement ont échoué. Un troisième round se prépare.
Toute l’équipe de Points de Vente
vous souhaite de très bonnes fêtes
et vous donne rendez-vous
le 21 janvier 2019