Oubliés, le soleil et les vacances, l’heure de la rentrée a sonné. Et alors que 13millions d’élèves empruntent, à nouveau, le chemin de l’école, les dossiers brûlants du commerce et de la distribution – l’embargo russe, le travail dominical, le pouvoir d’achat des consommateurs français et la guerre des prix – sont à nouveau au programme. Première nouvelle, qui, si elle se confirme, devrait réjouir les commerçants: le fraîchement nommé ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, envisage de passer par ordonnances sur la question du travail du dimanche, évitant ainsi au gouvernement les débats au Parlement. Peut-être l’issue de longs mois de désaccords sur cette question épineuse qui opposent directions, syndicats et salariés.
Autre point sensible: le gel des importations de produits agroalimentaires provenant d’Europe par la Russie et ses conséquences sur le marché français. L’Ania rappelle qu’en 2013, les exportations françaises des produits alimentaires vers la Russie ont représenté 619?M€. Mais selon l’association des industries alimentaires, les douanes russes chiffreraient les importations de produits IAA français à environ 1 Md€ en 2013. Des stocks qui devront être écoulés en France ou ailleurs. De quoi cristalliser les tensions déjà latentes entre producteurs et distributeurs. En août dernier, les maraîchers ont attaqué l’enseigne Leader Price pour avoir fait la promotion de produits agricoles d’origine étrangère commercialisés dans leurs magasins. C’est aujourd’hui le secteur laitier, le plus touché, qui en appelle à la responsabilité des enseignes pour que les producteurs n’aient pas à “payer la facture” de cet embargo. Beaucoup y voient un prétexte à une future baisse des prix en magasin. “La distribution française ne manquera pas de nous expliquer que les tarifs initialement négociés avec les transformateurs devront baisser en 2015”, anticipe la Fédération Nationale des Producteurs de Lait. Le dialogue promet d’être tendu.
Entre distributeurs, aussi, la guerre continue. Période hautement stratégique en termes de chiffre d’affaires, la rentrée scolaire est, cette année encore, l’occasion pour les enseignes de faire leur démonstration de force en matière de prix. Cahiers, cartables et crayons deviennent, pendant un mois, de nouveaux champs de bataille. Un marronnier commercial qui s’exprime d’autant plus fort cette année – le prix des fournitures a baissé de 0,27% en magasin, selon la Confédération Syndicale des Familles (CSF) – que tous assument, désormais, leur discours sur les prix. Avec une obsession: “ne pas rester en dehors de la course au prix”, comme l’affirme Philippe Baroukh, DG d’Auchan. L’atonie de la consommation pourrait lui donner raison. Au second semestre 2014, le groupe accuse en recul de son chiffre d’affaires, sur le marché français de -1,9%. Même le bravache Michel-Edouard Leclerc, malgré “la spectaculaire prise de parts de marché des Centres E. Leclerc”, enregistre des second et troisième trimestres “bien tristounets”, concède-t-il sur son blog. Seule la prime de rentrée, versée le 18?août, aurait apporté une embellie dans ce climat morose. Et le héraut de l’agressivité prix d’en conclure: ”le moteur de la consommation, c’est bien les prix bas et le pouvoir d’achat”. Dont acte.
Finalement, côté distributeurs, malgré la concurrence, on est plutôt au diapason. Et signe que même les frondeurs finissent, un jour, par rentrer dans les rangs, Système U retourne au sein de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), qu’il avait pourtant quitté en 2012, au motif d’“écarts de positions”. Toute ressemblance avec le monde politique serait fortuite… Allez, comme dirait Michel-Edouard Leclerc, “il était temps de rentrer” !