

Pour s’adapter aux mutations du secteur, Eurocommercial opère un repositionnement de son offre commerciale en France. Avec une offre de restauration, de sport et de loisirs enrichie, le groupe entend répondre aux nouvelles aspirations des consommateurs et élargir, ainsi, sa zone de chalandise et son rayonnement territorial.
Entretien avec Pascal Le Goueff, Directeur France d’Eurocommercial
Quelles sont les actualités d’Eurocommercial ?
Sur un marché des centres commerciaux en pleine mutation, Eurocommercial France opère un travail de repositionnement de son offre commerciale avec un accent mis sur la restauration. Nous avons ainsi installé l’enseigne Krispy Kreme (2e implantation en France), une marque américaine de Donuts, au Passage du Havre à Paris, ouvert trois nouveaux kiosques « food » dont un Subway (le premier en France) aux Atlantes, près de Tours, ainsi que le concept Crepe & Shake à Modo, dans le Val d’Oise, et nous négocions l’arrivée d’une grande enseigne de fast-food à Étrembières, en Haute-Savoie.
Le sport est notre second axe de développement avec l’intégration de JD Sport aux Atlantes (déjà présent à Modo), qui connaît un grand succès auprès du public, ou encore l’enseigne allemande Snipes dans la galerie Grand A, à Amiens.
En parallèle, nous favorisons l’implantation d’enseignes locales ou de créateurs qui peuvent tester leur concept pendant 6 mois au sein de nos centres commerciaux. Si l’essai est concluant, le bail dérogatoire se transforme en bail commercial. C’est, par exemple, le cas de l’enseigne de prêt-à-porter Nin & Laur, au Passage du Havre ainsi que Pretty Wire à Grand A. Notre objectif est d’élargir et de diversifier notre offre en mixant grandes enseignes et opérateurs locaux.
Quelles sont les grandes tendances en matière de commercialisation ?
Le sport a clairement le vent en poupe. La grande majorité des enseignes spécialisées fonctionnent très bien. Les trois magasins Intersport du portefeuille d’Eurocommercial, présents aux Atlantes, à Étrembières et à Val Thoiry affichent de très belles performances. L’enseigne JD Sport se développe, elle aussi, à un rythme soutenu et nous travaillons sur une extension du magasin Courir sur notre site Les Portes de Taverny. Nous voulons accroître notre exposition au secteur à travers l’implantation de ces enseignes dans nos 8 centres commerciaux français.
La restauration continue d’être un pourvoyeur de chiffre d’affaires, avec une grande variété de concepts pour tous les budgets et les envies, tout comme le marché de la santé-beauté, ou le secteur cadeaux-bijouterie, qui demeurent des piliers de l’activité des centres commerciaux.
Le secteur du prêt-à-porter continue de se transformer sous l’effet de la concurrence du e-commerce et de la fast-fashion. Reste, toutefois, certains acteurs qui résistent et, même, performent, à l’imagedu groupe Beaumanoir.
Avez-vous développé une offre de services et de loisirs ?
Ces activités font, en effet, partie de notre plan d’actions marketing. Notre agenda d’animations est fourni et nous prévoyons d’organiser, dans chacun de nos centres, un événement d’ampleur qui marquera l’image et l’identité de ces sites. À Grand A, nous avons mis en place le Yellow Festival, dont la deuxième édition s’est tenue les 23 et 24 mai derniers En marge de ce rendez-vous festif, nous avons reconduit notre concours « Tremplin 2025 » (ex-« La Grande Voix »), destiné à mettre en lumière les nouveaux talents musicaux de la région Hauts-de- France. Ce festival, qui rencontre un franc succès avec la présence de plus de 12 000 festivaliers cette année est devenu un événement incontournable de l’agglomération d’Amiens.
À côté de ces grands temps forts, nos centres organisent des animations et des rencontres tout au long de l’année, à l’image du centre commercial Centr’Azur de Hyères, dans le Var qui a accueilli, le 31 mai, le duo Jordan Mouillerac et Calisson Goasdoué, candidats de l’émission Danse avec Les Stars. Une programmation éphémère rythmera l’activité de nos centres durant tout l’été. Pour attirer la clientèle le centre commercial devient un lieu de vie, et de rencontres, doté d’une offre de restauration diversifiée et d’espaces de détente et de loisirs.
Comment se portent les centres commerciaux ECP ?
Ils accompagnent la mutation de la grande distribution alimentaire. Sur nos 7 centres commerciaux français possédant un hypermarché, 4 ont connu un changement d’enseignes qui a entrainé une hausse de la fréquentation. Sur un de nos centre, nous négocions actuellement une réduction de la surface occupée par l’hypermarché pour y installer une enseigne de sport. Dans nos centres Shopping Étrembières et Val Thoiry, les supermarchés et hypermarchés Migros ont été remplacés, respectivement, par un Super U et un Hyper U qui s’adressent davantage à notre zone de chalandise française et vont nous permettre d’élargir notre clientèle.
À ce repositionnement, s’ajoute le travail mené par le groupe en matière de décarbonation de ces centres commerciaux. Toutes ces actions nous ont permis de délivrer des résultats satisfaisants, avec un chiffre d’affaires en hausse de 3% sur l’ensemble de notre portefeuille européen, et de 3,5% en France en 2024. Notre taux de vacance reste stable, à 1,5% et le taux de collecte s’élève à 99%. Avec un taux d’effort maîtrisé, autour de 10% au niveau du groupe et de 10,7% en France, nos locataires ont la capacité de créer de la valeur et de développer du chiffre d’affaires.
Nous sommes fiers d’avoir remporté Prix Meilleure Satisfaction Clients Retail 2025 – Bronze, dans la catégorie centres commerciaux (France). Nous figurons pour la première fois sur le podium de ce classement établi par WizVille, sur la base des avis Google Maps collectés entre mars 2024 et février 2025 avec une note de 4.28/5. Ce prix est une belle reconnaissance du travail collectif que nous menons chaque jour pour offrir une expérience de visite de qualité à nos clients et visiteurs.
En plus des 8 centres français, Eurocommercial détient 8 centres en Italie, 7 en Suède et 1 en Belgique pour une valeur totale de près de 4 milliards d’euros. D’importants projets de remerchandising en Italie ont été lancé avec de nouvelles boutiques : Primark et aussi Zara, Pull&Bear et Stradivarius du Groupe Inditex.
En Belgique Le secteur de la mode est particulièrement performant grâce à la mise en place du dernier concept de Zara et Massimo Dutti (format full) à Woluwe Bruxelles.
Comment affrontez-vous la crise du pouvoir d’achat ?
Plus que jamais, les indicateurs économiques et démographiques sont devenus des facteurs déterminants dans notre stratégie d’investissement. L’ADN d’Eurocommercial est de cibler des actifs de grande qualité, localisés dans des zones de chalandise à fort potentiel. Dans un même pays, des disparités économiques et migratoires existent et il faut y être attentif pour absorber ces écarts grâce à un modèle économique efficace et pertinent. Nous devons aussi faire preuve de réactivité, pour laisser le moins de temps possible des unités vacantes en installant des pop-up stores. Un centre commercial où toutes les cellules sont louées est une vitrine et un facteur de succès pour les commerçants qui s’y installent.