Externalisation ouverte, approche collaborative, marketing participatif. Le crowdfunding ou, littéralement, approvisionnement par la foule, fait des émules. Signe des temps où les consommateurs – et donc les marques – sont en recherche de sens, d’authenticité, de partage des connaissances? Pas seulement. Au-delà de l’image d’Epinal, la co-création avec les clients semble incontournable avec l’avènement des réseaux sociaux, des applications mobiles, des plateformes dédiées, voire du développement des FabLab. En incitant les internautes à prendre part à l’évolution de la marque, les entreprises tentent, à la fois, de maîtriser leur image, d’alimenter leurs bases de données, de dynamiser leur relation client via des ambassadeurs 2.0 et, pourquoi pas, de dénicher, l’innovation à laquelle elles n’avaient pas pensé. Une démarche participative qui, en tout cas, permet aux entreprises de recueillir des avis sur ce que leur cible aime ou convoite. Une sorte de panel test géant, en quelque sorte. Certains ont, ainsi, pu choisir le prochain parfum de Danette ou encore le nouveau packaging de Tic Tac. Des produits inventés par des amateurs sont, aussi, sur le point d’être commercialisés par Auchan, fruit du partenariat entre l’enseigne et la plateforme collaborative américaine Quirky. Le travailler ensemble, utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire du plus grand nombre au service de l’entreprise devient une nouvelle arme concurrentielle. Partager pour conduire une innovation ouverte.
Du côté de Ségolène Royal, initiatrice, en son temps, de la notion de “démocratie participative”, ne veut plus partager. La nouvelle ministre de l’Ecologie, s’exprimant sur RMC et BFMTV, le 15?avril dernier, veut remettre à plat l’écotaxe et évoque deux pistes de réflexion. “Il serait tout à fait légitime qu’un camion étranger qui traverse le pays contribue et paye pour l’entretien des routes qu’il utilise”, soulignant que l’écotaxe, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, “fait payer à la fois les camions français et étrangers”. L’une des pistes consisterait à obliger ces poids lourds étrangers à emprunter l’autoroute et non le réseau secondaire. L’État pourrait, ensuite, prélever une partie des recettes supplémentaires encaissées par les sociétés d’autoroute pour entretenir le réseau. L’autre piste, serait de créer une vignette payée par les camions étrangers à la frontière. Elle a, par ailleurs, estimé que l’écotaxe était “absurde” dans la mesure où, pour calmer les transporteurs, ceux-ci ont été autorisés à répercuter la charge de l’écotaxe sur les industriels. “On n’atteint pas l’objectif puisqu’il faut que ce soient les camions qui paient l’entretien”, a-t-elle déclaré. Qui paiera la note? Partage ou pas? Rappelons que selon le dispositif actuel, les petits industriels devront supporter seuls le poids de l’écotaxe qui atteindra entre 4% et 6% de leur budget transport. Quant aux grossistes-distributeurs agissant en transport pour compte propre, l’écotaxe pourrait peser entre 10% et 20% de leur résultat net?! Une aide précieuse pour la compétitivité des entreprises dans un contexte économique récessif…
Quant à l’industrie agroalimentaire, représentée par l’Ania, on joue, là aussi, la carte du partage. La première industrie de France, qui accuse une baisse de production de 2% et a vu 5?000 de ses emplois détruits l’an dernier, préconise une logique de co-construction avec la grande distribution afin de limiter la casse sociale. “On nous demande de financer une guerre des prix que nous ne voulons pas”, a déclaré Jean-Philippe Girard, son président. L’Ania a réaffirmé sa volonté de s’inscrire dans le pacte de responsabilité et de solidarité du gouvernement lors d’un entretien à l’Élysée, le 15?avril dernier, avec le Président de la République et en présence de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Le secteur prévoit de recruter 150?000 jeunes en 2014. Si, toutefois, la guerre des prix prend fin. À chacun de prendre ses responsabilités.