On parle beaucoup de digital. Mais concrètement, cela va-t-il vraiment changer le monde du retail?• Jean-Marc Megnin. Oui mais la question est: à quel rythme? Au début, on pensait que la révolution digitale se ferait en deux ans. En 2005, on comptait plutôt dix ans, puis l’on s’est aperçu qu’il faudrait plusieurs décennies. Je ne crois pas à l’application miracle. Faire progresser la conscience collective dans une entreprise est à la fois long et lourd. Si l’on veut vraiment avoir une vision du commerce en 2020, il faut le faire en spin-off, à l’image de Nestlé ou L’Oréal. L’américain Walmart, par exemple, a pris conscience qu’il allait perdre son leadership mondial face aux pure players. Il travaille aujourd’hui sur une application et a monté une start-up de 1500 personnes qui repensent totalement le modèle Walmart en e-commerce. • Nathan Stern. Ces structures indépendantes ont l’avantage de préserver une gouvernance légère, où l’on n’impose pas de logique de silo dans les décisions. Elles offrent, ainsi, une certaine autonomie, surtout durant les premières années d’incubation. C’est ce qu’a fait Casino avec le site communautaire Cvous. Au départ, trois personnes ont eu carte blanche pour créer quelque chose de nouveau, sans se soucier de savoir si c’était bon pour la fidélité, si cela allait impacter la communication du groupe… Bref, en innovation, il est important de lâcher du lest, sinon, il n’y a plus de créativité.
Les distributeurs n’ont-ils pas suffisamment investi dans l’avenir?• J-M.M. La précédente génération était obsédée par le résultat à tout prix avec un retour sur investissement immédiat. Résultat, beaucoup d’entreprises ont oublié d’investir pour penser à leurs lendemains dans une période où tout s’accélérait terriblement. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une