Méo Fichaux, c’est d’abord l’histoire d’un mariage entre deux torréfacteurs. Qu’est-ce qui a motivé ce rapprochement, en 2009?Dominique Ruyant. Pour comprendre l’origine de ce mariage, il faut raconter un peu l’histoire de nos deux entreprises. Fichaux a été fondée au début du siècle dernier par Édouard Fichaux. Sa fille a épousé un membre de la famille Ruyant dont je représente aujourd’hui la quatrième génération, et qui a racheté l’entreprise. Au départ, nous travaillions beaucoup avec les comités d’entreprise et les épiceries en gros en les alimentant en café vert. Mais après la deuxième guerre mondiale, nous avons commencé à leur livrer du café torréfié. 1957 a marqué un tournant dans notre activité. Nous avons démarché un nouveau client, René Monnier, un épicier qui vendait des produits laitiers et fromagers ainsi que du café torréfié en vrac. En 1959, ce dernier a créé sa marque de café, 59, rebaptisée, par la suite, Café Grand’Mère. Fichaux vendait à l’époque du pur arabica en grains, dans des paquets noirs de 250 grammes. Avec René Monnier est née l’idée de lancer le café Carte Noire, devenu le premier produit pur arabica du marché.
À partir des années 80, une série de rachats et de scissions ont quelque peu changé le paysage du marché du café en France…Dominique Ruyant. Oui. Nous avions, jusqu’alors, un contrat de fabrication avec Café Grand’Mère racheté en 1982 par le groupe suisse Jacobs Suchard, propriétaire des marques de café Jacques Vabre France et Jacobs. La marque sera intégrée à la filiale alimentaire européenne, Kraft Jacobs Suchard, lors de sa création en 1993 suite à la fusion de Kraft General Foods Europe et de Jacobs Suchard. Prenant son indépendance en 2007, Kraft Foods s’est ensuite scindé en deux entités, Kraft et Mondelez International en 2014 à laquelle Café Grand’Mère continue d’appartenir. Après la scission, Fichaux s’est positionné sur la MDD pour rattraper les volumes perdus. Il s’agissait de trouver de nouveaux relais de croissance sur le marché. Il a donc été acté une politique plus agressive sur les MDD qui était une pépite cachée. Nous avons, sur notre site, une capacité extraordinaire de production et des lignes méconnues lors du rachat de Jacques Vabre. Ce n’est pas pour rien que nous nous appelons Fichaux Industrie?!
À quel moment intervient alors Méo, dans cette histoire? Gérard Méauxsoone. L’histoire familiale de Méo – diminutif de Méauxsoone – est un peu plus récente. Mon père et mon oncle sont arrivés en France de Belgique pendant la guerre de 1914-1918. Ils se sont lancés dans la vente de produits alimentaires, en démarrant par la volaille, les produits laitiers et le café. Ils ont gardé ces deux derniers pôles, avec deux idées force: délivrer des produits d’une qualité supérieure au marché et réduire les circuits d’approvisionnement pour se fournir directement à la source. À cette époque tourmentée de l’histoire de France, l’offre alimentaire dominante était de médiocre qualité, il y avait beaucoup d’intermédiaires et le