Vous venez de publier “Distribution – Inventez le commerce de demain”. Quelles ont été vos motivations?Cédric Ducrocq. Depuis 10 à 15 ans émerge l’idée qu’il faut réinventer les modèles de distribution des années 70, ces magasins multimarques, puissants, créés pour donner accès à la classe moyenne à une consommation moderne. Si ce modèle a bien fonctionné pendant des années, on sait qu’il atteint désormais ses limites, qu’il est temps de réfléchir à l’étape suivante, notamment du fait de la montée en puissance du digital mais, aussi, parce que la consommation de masse est acquise depuis longtemps. Autrement dit, les propositions moyennes et peu différenciées fonctionnent moins bien que des partis pris plus segmentants. Ces questions de positionnement sont récurrentes et, pour l’heure, restées au stade de spéculations dans la mesure où il n’y avait pas vraiment urgence. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On ne peut plus reculer le moment de remettre en cause ces modèles, parfois de manière très profonde. Ne serait-ce qu’en regard du nombre de faillites et des importantes difficultés financières que connaît la distribution française depuis 3 ans. La crise installée depuis 5 ans commence à tirer sur les modèles économiques. Mais les causes se situent, surtout, du côté des distributeurs qui n’ont pas changé fondamentalement leur grille de lecture et leur pratique depuis les années 70. La plupart continuent de définir leur mission comme la démocratisation de l’accès à la consommation. Alors que le rôle d’une enseigne, c’est de donner envie de consommer.
Comment les enseignes peuvent-elles donner envie?C’est compliqué. On sait qu’il est temps d’être un peu plus audacieux, d’accélérer le rythme des