Encore plus de Made in France

L’ombre de la crise plane encore sur le secteur des surgelés. Et si Findus communique aujourd’hui aussi clairement sur la poursuite de son recentrage sur ses activités françaises c’est, un peu, pour faire oublier le scandale de la viande de cheval qui l’a particulièrement frappé, en février dernier. Mais surtout, pour rappeler que le groupe a initié cette stratégie de relocalisation en 2011, dans le cadre de l’accord signé avec les salariés de l’usine de Boulogne-sur-Mer. “Cet accord prévoyait une amélioration de la compétitivité ainsi que des investissements de l’ordre de 10M€ sur 3 ans”, signale Matthieu Lambeaux, le directeur général de Findus France. Or, sur cette enveloppe, 12M€ auront déjà été investis par le groupe, d’ici à fin 2013, notamment, dans le rapatriement de la transformation de 3000 tonnes de poisson. “Nous visons 7 000 tonnes de poissons transformés en France, à Boulogne”, indique le directeur. Une façon de raccourcir les délais entre la livraison des stocks de poissons surgelés et leur transformation. Et de gagner en flexibilité et réactivité.Stratégie de relocalisationRépondant, avant tout, à la demande accrue des Français de produits “Made in France”, cette stratégie de relocalisation sur le territoire s’applique également aux activités légumes et plats préparés surgelés de Findus. La marque a, ainsi, investi 2 m€ auprès de son partenaire industriel depuis 40 ans, Gelagri, en Bretagne, dans la création d’une nouvelle ligne de production pour ses épinards à la crème. À Plélo, près de Saint-Brieuc, elle a, de plus, entamé le rapatriement de ses plats cuisinés à base de viande de bœuf, désormais certifiés Viande Bovine Française (VBF) et dont la production a démarré en avril dernier. “Depuis février dernier, nous ne faisons plus confiance à la filière viande. Nous avons donc décidé d’en reprendre le contrôle pour en faire une filière Findus, explique Matthieu Lambeaux : nous avons raccourci nos circuits d’approvisionnement et élaboré un cahier des charges très agressif selon lequel nous vérifions tout, jusqu’à la provenance des lots de carcasses”. Une exigence redoublée pour éviter de se retrouver, une nouvelle fois, victime d’une fraude de ses fournisseurs. Car, trois mois après avoir découvert de la viande de cheval roumaine dans ses lasagnes, la blessure reste vive pour Findus. “Le paradoxe total c’est qu’au 31 janvier dernier, 50% des produits Findus vendus en magasin n’étaient déjà plus fabriqués chez Comigel (ndlr : également fournisseur de Picard, Thiriet, Nestlé et de la plupart des distributeurs) !” raconte Matthieu Lambeaux. Un argument, toutefois, que le directeur de Findus n’a pas voulu mettre en avant, en plein scandale, soucieux de faire face à “ses responsabilités”.Liste noireDepuis, Findus a changé de fournisseur et travaille avec la société bretonne Celtigel (groupe Le Graët) mais le directeur ne décolère pas du traitement de l’affaire du horsegate fait par les médias. “Les journalistes ont vite pointé du doigt Findus mais ils ne sont pas allés chercher le vrai coupable : la coopérative du Sud-Ouest Lur Berri qui a préféré se débarrasser de Spanghero plutôt que d’assumer ses responsabilités vis-à-vis des salariés et des clients de l’entreprise“, déplore ce dernier. Si la pilule est amère, Findus se sort plutôt bien de la crise. Le groupe confirme une croissance de 4 % à 5 % pour 2013. C’est, certes, moitié moins que sa performance annuelle habituelle mais toujours mieux que celles enregistrées par les marchés des plats cuisinés et de la viande surgelée dont les baisses respectives à - 4 % et - 6 %, ont peu impacté la marque : les produits à base de viande ne représentant que 5 % de son offre globale. Ce n’est, en revanche, pas le cas d’autres acteurs du marché. Après la liquidation judiciaire de Fraisnor -le spécialiste des lasagnes fraîches - prononcée le 22 mai dernier, Spanghero, faute de repreneurs, pourrait être le prochain sur la liste.