Sans nul doute si l’on s’arrête à la seule logique financière. On le sait, sous la pression de ses deux principaux actionnaires soucieux de valoriser leur investissement, le fond Colony Capital et l’homme d’affaires Bernard Arnault (14 % du capital et 20 % des droits de vote à eux deux), Carrefour se scinde en trois entités qui, au final, seront toutes cotées en Bourse. Le conseil d’administration a, en effet, entériné le projet d’abandon de son activité hard discount. 100 % du capital de Dia, estimé à 4 Mds€, sera donc bientôt coté à la Bourse de Madrid. La division foncière, elle, devrait être mise en cotation sur Euronext Paris à hauteur de 25 %. Carrefour Property, qui regroupe
les actifs immobiliers du groupe en France et plusieurs pays européens, est valorisé à quelque 11 Mds€.
Bilan financier de l’opération : environ 6 Mds€ devraient retourner aux mains des actionnaires. Ce qui tombe à pic pour compenser les moins-values : l’action Carrefour ne cote plus qu’aux alentours de 35 € contre 53 € lors de l’entrée des deux principaux actionnaires au capital en mars 2007.
Pour quelle logique opérationnelle et commerciale ?
Évidemment, Carrefour garde le contrôle de 75 % de son parc immobilier, autrement dit la maîtrise des loyers de ses magasins. Stratégique. Même si le distributeur ne dispose pas de marge de manœuvre sur les galeries commerciales pour jouer, par exemple, sur la complémentarité des offres.
Mais que doit-on entendre lorsque le distributeur annonce que ces opérations “contribueront au renforcement de l’attractivité et de la compétitivité des sites (…) et permettront à Carrefour de se concentrer pleinement sur le développement du potentiel de la marque Carrefour et sur son cœur de métier” ? S’agit-il, désormais, de concentrer les efforts pour soutenir le concept Carrefour Planet qui doit être déployé dans 500 hypermarchés ? De maintenir sous perfusion le modèle de l’hypermarché ? Ou bien d’engager, véritablement, une action durable et cohérente pour enrayer le déclin de ces formats ?
La clé se trouve peut-être du côté des valeurs et de l’esprit d’entreprise, comme le souligne notre enquête sur “Le commerce coopératif”, une organisation d’intégrés au service d’entrepreneurs individuels. Là où les points de vente sont contrôlés par des entrepreneurs indépendants. Là où il ne peut y avoir de conflit d’intérêt entre les points de vente et la tête de réseau.