Avec des ventes en volumes en hausse de 12,7 % en 2010, les œufs font partie des catégories auxquelles la crise a profité. Depuis 2009, leur consommation ne cesse d’augmenter. En fait, les œufs ont bénéficié de la baisse de pouvoir d’achat des Français, comme l’explique Francis Damay, président du Comité National pour la Promotion de l’Œuf. “Douze œufs nourrissent une famille de 5 personnes pour un prix très peu élevé”. Le produit bénéficie, également, d’un autre effet de la crise : le retour du fait maison.
Peu à peu, l’œuf standard (issu de poules en cages) se fait supplanter par les œufs dits alternatifs (c’est-à-dire les œufs de plein air, bio et Label Rouge). L’œuf standard est en constante perte de vitesse : en 2010, ses ventes ont baissé de 2,3 points.
“Il représente encore 65 % du marché et reste le pilier du secteur”, relève Corinne Charote, directrice marketing de la société 2A, qui commercialise la marque l’Œuf de nos Villages.
Plébiscité par des consommateurs de plus en plus soucieux du bien-être animal, l’œuf plein air affiche une santé insolente. S’il s’octroie 17 % de parts de marché, on lui doit, en effet, 77 % de l’évolution totale du marché en 2010. Ses ventes ne cessent d’augmenter. “Paradoxalement, en se massifiant, sa production devient de plus en plus industrielle”, indique un professionnel. Les œufs bio et Label Rouge, qui représentent 9 % et 8 % du marché, connaissent des évolutions très favorables. En volume, le bio a augmenté de 17,6 % en un an, et le Label Rouge de 8,5 %. Ces trois catégories sont désormais les étoiles montantes du rayon.
Bio et label rouge le duo gagnant
Dans ce marché en bonne santé, les marques nationales affichent de belles progressions. L’Œuf de nos Villages a gagné 5 points de parts de marché en un an, à 23 %, “la tendance vers plus de bio et de plein air montre que le consommateur cherche à donner du sens à ses achats, indique Corinne Charote, directrice marketing de la marque. Pour aller plus loin, la marque vient ainsi de lancer un concept merchandising qui propose des œufs en vrac, comme dans les marchés. La marque Loué gagne 3 points en un an à 17 %. Le leader traditionnel, Mâtines, a perdu 5 points de parts de marché en un an, à 36 %. “L’heure de la reconquête a sonné, indique Ghislain de Rolland, directeur commercial de la marque. Depuis janvier, nous avons mis en œuvre un plan ambitieux visant à rattraper notre retard : nous avons relooké nos gammes bio et Label Rouge, créé une mascotte Mâtines, démarré un nouveau concept merchandising qui se déploie actuellement dans les magasins… Les chiffres d’août sont bons, nous pensons repartir dès la fin de l’année.”
Aujourd’hui, l’une des problématiques majeures du marché est le prix de ses produits. Les œufs alternatifs sont plus chers que les œufs standards. En proposant sur un catalogue les six œufs bio à 1,45€, l’enseigne Lidl a violemment secoué le marché. Les distributeurs ont, en effet, profité de cette promotion pour faire pression sur les industriels et les inciter à vendre leurs œufs bio moins chers. Avant cet événement, le prix moyen de six œufs bio MDD était de 2,15€. Depuis, il est remonté à 1€90, mais il n’est jamais revenu au tarif initial. Et l’ensemble du marché a suivi cette déflation. “Aujourd’hui nous tirons la sonnette d’alarme auprès des distributeurs car les grilles de tarifs ne sont pas cohérentes, relève ainsi Arnaud Jérôme, directeur général d’Ovalis, qui commercialise les marques Loué et Le Gaulois. Les baisses se poursuivent et ce n’est bon pour personne…”