Campagne : Clarifier la bio

Marché en croissance, la bio attire des acteurs du conventionnel de plus en plus nombreux. Les Entreprises Bio Engagées, pionnières du bio, réaffirment leurs valeurs dans une campagne de communication et portent plus loin leurs engagements. Une clarification nécessaire et attendue par les consommateurs. Par Catherine Batteux “Tout sur la bio”. C’est le nom d’une nouvelle campagne media lancée, en octobre, par les Entreprises Bio Engagées, un collectif d’entreprises de transformation et de distribution qui agissent, pour certaines d’entre elles, depuis plus de 30 ans dans la bio. Leur ambition : la défense d’une bio cohérente, exigeante et durable. Toutes respectent le cahier des charges bio (label AB, propriété exclusive du ministère de l’Agriculture et l’eurofeuille, le label européen) qui constitue, selon elles, une base de bonnes pratiques communes à tous les intervenants du secteur. Le collectif souligne, dans son Manifeste, que ce cahier des charges doit évoluer dans une démarche d’amélioration continue mais qu’il doit, aussi, être défendu et protégé : “Si la bio a longtemps représenté une niche, elle attire, désormais, des millions de consommateurs mais aussi de nombreux nouveaux acteurs. Cette démocratisation du marché est une bonne nouvelle puisque nous avons toujours souhaité que la bio soit accessible au plus grand nombre. Cependant, elle ne le restera que si la bio sait préserver les valeurs et usages qui font sa spécificité et son intérêt : soin apporté à la qualité des produits, équité des relations entre producteurs, transformateurs et distributeurs, maîtrise des impacts environnementaux. Pour cela, nous sommes persuadés qu’il faut non seulement protéger mais aussi étendre les règles qui régissent le label bio européen.” Ces entreprises s’engagent, ainsi, à continuer d’améliorer leurs pratiques aussi bien en termes d’impact environnemental que d’équité commerciale, de conditions de travail ou encore d’implication sociétale. Autrement dit, pour le collectif, la bio est bien plus qu’un logo sur un produit dans un marché juteux. Informer en transparence Avec cette campagne “Tout sur la bio”, Les Entreprises Bio Engagées, parfois concurrentes, répondent sans langue de bois aux interrogations légitimes des citoyens. Elles abordent tous les sujets pour clarifier ce que la bio garantit ou non. Une vingtaine de questions accompagnées de leurs réponses seront diffusées en intégralité sur le site web toutsurlabio.fr et, au fil des jours, sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). Les pesticides sont-ils oui ou non autorisés dans la bio ? L’alimentation bio est-elle vraiment meilleure pour la santé ? Peut-on faire confiance aux produits bio importés ? Comment un produit bio peut-il être mal ou sur-emballé ? Bio ou local : comment choisir ? De quoi informer, en toute transparence, les consommateurs sur ce secteur en forte croissance qui attire de nouvelles offres, suscite la création de labels concurrents et génère, du même coup, confusion, amalgames et controverses. “Alors que le secteur de la bio a longtemps vu prédominer de petits acteurs indépendants, il attire désormais de nouveaux entrants, y compris de grosses coopératives et multinationales de l’agroalimentaire, ainsi que la grande distribution et son cortège de marques distributeurs, souligne le collectif. Il faut donc préserver les valeurs et les bonnes pratiques qui font la spécificité du bio. Cette culture commune et cette ambition d’amélioration continue de nos métiers et de nos produits doivent guider le développement de la bio pour qu’elle garde son sens. Les consommateurs ont leur rôle à jouer en privilégiant les produits et les circuits de distribution porteurs de ces valeurs”. Le chiffre ► 9,7 Mds€ C’est le chiffre d’affaires de la bio en France, en 2018, soit 10 % du marché mondial La bio, c’est quoi ? Ce que dit (ou non) le cahier des charges Les logos européens (eurofeuille) et AB (propriété du ministère de l’Agriculture français) apportent globalement les mêmes garanties et renvoient tous deux à un seul et même cahier des charges communautaire. Il est défini par des règlements adoptés par les États membres et le Parlement européen. Il est public et fait l’objet d’actualisations régulières. Il définit des règles de production exigeantes qui reposent sur le respect des écosystèmes et des cycles naturels : les produits chimiques de synthèse et les OGM sont interdits : la rotation des cultures est obligatoire et le recyclage des sous-produits végétaux et animaux privilégié. Les pratiques d’élevage sont strictement encadrées : densités systématiquement inférieures au conventionnel, accès au plein air, aliments bio produits localement dans la mesure du possible. Les produits transformés doivent contenir au moins 95 % d’ingrédients bio (hors eau, sel et additifs). Seuls les arômes naturels et 54 additifs sont autorisés (contre plus de 300 en conventionnel). Toutefois, le cahier des charges ne traite pas des sujets garantissant une agriculture et une alimentation plus durables. Ni de la rémunération des agriculteurs, de l’impact social, de la réduction des emballages ou de l’empreinte carbone des produits. Les Entreprises Bio Engagées souhaitent mettre en place ces démarches et ont l’intention d’inscrire, demain, ces bonnes pratiques dans les exigences du règlement européen. Pesticides Autorisés ou non dans la bio ? Les produits phythosanitaires de lutte contre des organismes vivants nuisibles sont utilisés en bio. Mais pas n’importe lesquels. L’agriculture conventionnelle utilise des pesticides chimiques de synthèse alors que l’agriculture biologique a recours à des traitements d’origine naturelle. Selon la réglementation européenne, seules 29 substances ou catégories de substances, toutes naturelles, peuvent entrer en contact direct avec les végétaux en production bio (460 en conventionnel essentiellement issues de la chimie de synthèse). Les traitements naturels utilisés en bio peuvent être d’origine végétale (huiles), animale (cire d’abeille), issus de micro-organismes ou constitués de substances naturelles comme le cuivre (qui peut être toxique), les argiles ou le bicarbonate de potassium. Les herbicides sont interdits en bio : la lutte contre les plantes indésirables s’effectue par la rotation des cultures, les procédés mécaniques de travail du sol et le désherbage thermique. Le label privé “zéro résidus de pesticides” que l’on trouve, principalement, sur des fruits et légumes des rayons des supermarchés, garantit des produits dont les résidus de pesticides sont inférieurs à 10 mg/kg, c’est-à-dire à un niveau en dessous-duquel les analyses ne sont plus fiables. En revanche, à la différence du bio, ce label n’interdit pas l’utilisation des pesticides de synthèse qui restent autorisés sur une partie au moins du cycle de production avec toutes les problématiques induites en matière de pollution des sols, des eaux et de l’air. Ce label n’est donc pas bio.