Longtemps préservées, les marques de luxe françaises doivent se réinventer pour s’imposer sur le marché mondial. Qu’est-ce qui a changé?Philippe Jourdan. Les groupes de luxe sont confrontés à des enjeux liés à un changement d’environnement économique pour des raisons conjoncturelles et structurelles. Ils sont impactés par le ralentissement de l’économie mondiale et notamment dans des pays qui jusque-là affichaient de forts taux de croissance. C’est évidemment le cas de la Chine et, plus généralement, de l’ensemble de la zone asiatique. Face à ces mutations, les marques de luxe ont dû redécouvrir les fondamentaux du marketing. Surfer sur la demande en orientant son marketing vers la satisfaction client via les magasins et les nouvelles collections ne suffit plus. Le moteur s’est grippé. Et certaines catégories souffrent plus que d’autres, telles que l’horlogerie qui peine en Chine depuis plusieurs années.
Pourquoi l’horlogerie, en particulier? Deux facteurs importants sont à prendre en compte pour comprendre ce phénomène de repli. D’abord, il y a la lutte contre la corruption menée par le régime chinois actuel qui a engendré une focalisation sur ce type de biens de luxe possédés par l’élite chinoise. Ces objets ont été pointés du doigt car ils étaient susceptibles d’avoir été acquis à l’issue de corruption active. Les montres enregistrent des taux de recul de -10% à 12% depuis deux ou trois années consécutives. Cela devient inquiétant pour les groupes spécialisés où le poids de l’horlogerie est important. Ils vont devoir revoir leurs principes d’actions sur ces marchés. Ensuite, et ce qui est moins connu, c’est que cette lutte anti-corruption cache plus qu’un enjeu politique mais un vrai renversement culturel. Quand on relit les discours du président Xi Jinping,