Pourquoi écrire un livre sur l’hyperconsommation, maintenant? Philippe Moati. La société occidentale va très mal. Le fond du problème, c’est la crise de la modernité dont l’une des causes est l’hyperconsommation. Nous sommes allés trop loin dans cette dynamique et on en paie le prix. Notre société exclusivement basée sur la consommation a fait émerger l’antithèse. Les attentats commis par Daesh le 13?novembre dernier sont le point culminant d’un rejet de notre mode de vie, de nos valeurs et de notre façon de consommer. À ce titre, le retour du religieux est frappant. Les musulmans vivent en France depuis des années, pourquoi l’apparition des signes religieux devient si manifeste depuis dix ans? De plus en plus de Français revendiquent leur différence, par le nationalisme, le régionalisme ou le religieux. Mon parti pris est de dire que l’une des causes de cette crise réside dans la place que la consommation a pris dans nos vies. Elle n’a jamais été aussi présente, l’incitation à consommer aussi puissante, notamment grâce aux nouvelles techniques de marketing et ce, au moment où le pouvoir d’achat ne croît plus.
Qu’est-ce que l’hyperconsommation exactement? À partir de quand consomme-t-on trop? Le terme consommation est neutre, désignant l’activité de destruction des biens pour satisfaire un besoin. L’hyperconsommation, en revanche, appelle la démesure. Elle désigne le moment où la consommation devient une valeur suprême. Nous fonctionnons comme des consommateurs car nos pratiques quotidiennes sont calquées sur nos comportements de consommation. On choisit en permanence pour optimiser. Il n’y a qu’à voir la manière dont on se vend sur les réseaux sociaux?! La consommation collaborative est elle aussi très révélatrice de cette orientation. Ces consommations conviviales