Désormais, la bataille se joue au niveau européen. Objectif: la définition des perturbateurs endocriniens (PE) et donc des critères scientifiques permettant de les identifier. Et, en ligne de mire, une réglementation plus ou moins stricte sur leur utilisation. Une bataille rangée entre ceux qui défendent une définition complexe qui inclurait, par exemple, une description des mécanismes d’action et une charge de la preuve très élevée sur la nocivité des effets, et ceux, à l’opposé, qui souhaitent une définition simple et tournée vers l’action de précaution et de prévention. Au centre, la Commission européenne qui devrait rendre son verdict en décembre prochain sur la base du mandat qu’elle a curieusement accordé à l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, via la DG Sanco (direction générale de la santé et des consommateurs). Une bataille de pouvoir, aussi, au sein des arcanes de la Commission, puisque la DG Sanco, plutôt hostile au changement de paradigme en toxicologie requis sur les PE – tout comme l’Efsa -, vient s’opposer aux conclusions de prudence émises par le Pr Andreas Kortenkamp dans son “Rapport sur l’état de l’art de l’évaluation des PE” qui avait, lui, été commissionné par la DG Environnement. Le tout au moment même où le Parlement européen commence à se saisir de la question et qu’une autre bataille rangée entre États membres se profile: d’un côté la Suède, le Danemark ou la Belgique qui envoient des messages forts pour une approche de précaution; de l’autre, un front commun Allemagne/Grande-Bretagne, avec parfois la France – les 3 plus importants producteurs de chimie en Europe – qui défend une définition restrictive pour une réglementation la plus light possible. Sans compter qu’une réglementation des PE pourrait devenir l’un des points d’achoppement du Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), l’industrie américaine, dans un mouvement anti principe de précaution, étant fortement hostile à ce dossier et souhaitant même revenir sur les acquis du règlement Reach (Registration, Evaluation, Authorisation of Chemicals) qui conditionne l’autorisation de mise sur le marché européen de substances chimiques. Il faut dire que la définition européenne des PE s’appliquera horizontalement à de nombreuses réglementations, dont Reach. Celui-ci pourrait être amendé pour que les PE soient reconnus comme une classe de substances extrêmement préoccupantes à part entière et soumis aux mêmes exigences de substitution que les substances persistantes (PBT et vPvB) et les cancérigènes sans seuil (CMR). Evidemment, l’industrie s’oppose à un tel classement, préférant maintenir une approche au cas par cas sur la base de l’évaluation des risques. De la même manière, le règlement “Cosmétiques” doit être révisé d’ici 2015 et pourrait inclure des mesures d’interdiction d’utilisation des PE. L’industrie cosmétique se retranche, justement, derrière l’interdiction qui lui est désormais faite, depuis le 11?mars dernier, de réaliser
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