Ça tangue du côté des industries agroalimentaires. Le président de l’Ania, l’Association nationale des industries alimentaires, a, une nouvelle fois, tiré la sonnette d’alarme lors de la présentation de ses vœux. Il a, notamment, fait part de sa préoccupation quant au climat économique dans lequel les entreprises du secteur sont contraintes d’évoluer, alors même que “l’encéphalogramme de l’économie française est plat, sans perspective de changement à court terme”. Allant même jusqu’à prévoir la suppression de 5?000 emplois supplémentaires en 2013 – après les 5?000 emplois supprimés en 2012 -. Alarmiste? Provocateur? Dans son rôle? Certes. Mais à juste titre. Les PME-TPE, qui représentent 97% du tissu du secteur, naviguent à vue avec des taux de marge nette compris entre 0% et 2%. Une extrême fragilisation sur fond de baisse de consommation des ménages et de perte de pouvoir d’achat. Autrement dit, ça ne va pas s’arranger?! D’autant que l’asphyxie est largement maîtrisée par les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs qui se déroulent sur fond de LME mal appliquée. Confrontés à une volatilité galopante des cours des matières premières et à une pression fiscale continue, les industriels se trouvent dans l’incapacité de répercuter la hausse de leurs coûts dans leurs prix de vente, les distributeurs restant arc-boutés sur leurs principes: obtenir des prix encore plus bas que l’année précédente.
Pendant ce temps-là, le temps est quasiment au beau fixe du côté des distributeurs. Tous les résultats des enseignes sont en hausse, en particulier chez les indépendants: 11% chez Système U et 7,5% chez E. Leclerc qui indique poursuivre sa stratégie de prix bas… Le chiffre d’affaires est également en hausse de 3,2% chez Casino et de 1% chez Carrefour qui, pour la première fois en deux ans, affiche des ventes alimentaires en croissance. Il faut dire que les enseignes misent particulièrement sur le frais comme élément différenciant. Et ça marche. Une offre élargie, une évolution des prix contenue et, du coup, une consommation qui repart à la hausse en 2012: +3% en volume et +3,5% en valeur. Quant aux marges des distributeurs… sujet tabou.
Bref, au moment où les négociations commerciales battent leur plein, on a, d’un côté, des entreprises au bord du précipice et, de l’autre, des distributeurs à l’assise confortable. Éthique? Responsable? Durable? À l’heure où l’on parle de compétitivité des entreprises et d’emploi, est-ce bien raisonnable? Système U et Leclerc ont, certes, indiqué, qu’ils feraient un effort particulier envers les PME dans le cadre des négociations commerciales. Aux dires des entreprises du secteur, le discours reste facial, rien n’est traduit dans les actes. Les négociations se passent mal, comme d’habitude. Mais, cette fois, elles démarrent sous un grain de force 7. L’avis de coup de vent n’est pas loin.