Et c’est reparti pour un tour?! L’annuel round des négociations commerciales entre distributeurs et industriels commence. En avant pour cinq mois de discussions d’ores et déjà placées sous le signe de la discorde. Et c’est Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire qui, le premier, lance les hostilités en évoquant une possible réforme de la LME.
Bronca chez les distributeurs. La FCD l’affirme: “remettre en cause les règles de négociations est dangereux”. Crispation, également, sur les marges “des multinationales de l’agroalimentaire” qui n’ont toujours pas été rendues publiques, contrairement à celles de la grande distribution. De leur côté, les industriels dénoncent “les pressions exercées par les enseignes sur les 10?000 entreprises de l’agroalimentaire”. Les PME, en particulier. Même Serge Papin, le très médiatique P-DG de Système U, le reconnaît – et il est le seul parmi les commerçants: “La LME a créé un syndrome de distorsion de concurrence” (source: Les Echos). Dans un contexte de guerre des prix où la consommation reste fragile (-0,8% en volume, en août dernier) et les prix agricoles volatiles, la LME vient, un peu plus, creuser le fossé entre multinationales et PME. Entre les petits et les grands.
Soit, ainsi est faite l’agro-industrie. Tissu d’entreprises hétérogènes, qui vont de Coca-Cola, la marque la plus valorisée au monde à près de 78 Mds$, à Goulibeur, TPI de treize personnes du Poitou-Charentes qui peine à pousser les portes des supermarchés de sa région pour y installer ses nouveaux produits, faute de moyens marketing et financiers. Tous savent, distributeurs en tête, combien il est difficile d’obtenir un rendez-vous
avec un acheteur quand on ne s’appelle pas Kraft Foods ou Nutella. Mais d’aucuns
reconnaissent, aussi, que ce sont ces mêmes PME qui sont les plus réactives et, si elles en avaient les moyens, les plus innovantes sur le marché. Cherchez l’erreur…
Car, à l’heure où le gouvernement prévoit d’augmenter de 2% à 3% les charges des auto-entrepreneurs, provoquant la colère de ces petits patrons, les politiques semblent plus préoccupés à panser les plaies du déficit budgétaire – tous les moyens sont bons -, qu’à alimenter la machine à innover. Pourtant, sur le marché mondial, l’industrie agroalimentaire doit, plus que jamais, montrer les dents face à la concurrence montante des pays émergents: Doux en est le triste exemple. L’innovation reste la clé de la compétitivité. Et une façon, pour ces entreprises, de grignoter des parts de marché sur des segments de grande consommation qui arrivent, pour la plupart, à maturité. Innover pour survivre?
C’est, en tout cas, pour garder intacte la flamme de la créativité, ADN de ces
industriels, que se déroule cette année, le Salon International de l’Agroalimentaire (Sial). Parenthèse enchantée, dans ce climat économique trouble, il offre, du 21 au 25?octobre, à tous les entrepreneurs de l’ombre, comme aux champions de l’alimentaire, une scène pour exister et se démarquer. Cinq jours, aussi, pour oublier les conflits et se concentrer sur les aspects positifs du métier. Même si la crise et les contraintes ne sont jamais loin. Le show commence, les questions restent.