Après les lessives, les endives, les farines et les croquettes pour chiens et chats, ce sont désormais les yaourts, crèmes et autres fromages frais vendus sous marque de distributeur (MDD) qui sont dans le collimateur de l’Autorité de la Concurrence pour entente sur les prix. Les locaux de huit entreprises de l’industrie laitière, dont Senoble, Lactalis, Novandie, 3A, les Maîtres Laitiers du Cotentin et Alsace Lait, ont été perquisitionnés suite à la dénonciation d’un industriel du secteur probablement soucieux de bénéficier de la mesure de clémence prévue par la loi.
Concrètement, ces industriels sont sollicités par la grande distribution pour leur acheter des produits qu’ils revendront à leur nom à un niveau de prix bien inférieur à celui des marques nationales. L’industriel peut, évidemment, refuser s’il juge l’offre trop basse. En revanche, ce que soupçonne l’Autorité de la Concurrence, c’est que ces 8 industriels se sont mis d’accord pour refuser l’offre faite et imposer leurs prix à la grande distribution. Et le marché est plutôt juteux. Pour tous les industriels dans la ligne de mire de l’Autorité, la fabrication de MDD est une manne : 95 % des produits ultra-frais de Senoble, 85 % pour Novandie, 50 % pour Lactalis. Avec, à la clé, des marges confortables. Selon le dernier rapport de l’Observatoire des prix et des marges sur la filière laitière, la part dans le prix au détail payée par un consommateur pour un yaourt nature standard (hors MDD) revient à 48,3 % à l’industriel, à 30,9 % au distributeur et à 15,6 % au producteur.
Évidemment, pour l’heure, rien n’est prouvé. L’enquête est en cours, et les entreprises entendues par les magistrats disposent d’un recours. Si le cartel est avéré, les amendes pourraient pleuvoir, à l’image de ce qui s’est passé pour les lessives (400 M€), les endives (3,6 M€), la farine (242,4 M€) ou les croquettes pour chiens et chats (35,3 M€). Avec, bien évidemment, une mesure de clémence pour le membre du cartel qui aura dénoncé l’entente… C’est ainsi qu’Unilever avait échappé à une sanction de 248,5M€. Serait-ce ainsi qu’un groupe au récent changement d’actionnaires aurait dénoncé certaines pratiques pour échapper à l’amende et, du même coup, perturbé le champ concurrentiel pour s’emparer, au passage, de quelques parts de marché ?
Au final, l’amende tombera dans l’escarcelle de l’État sans que le consommateur n’en voit la couleur. Tous amis pour la vie pour la défense du pouvoir d’achat ?