À chaque fois c’est pareil. Il y en a toujours un pour entonner le premier couplet. Et le refrain est systématiquement repris en chœur – enfin, de façon dissonante – par tous les candidats à la présidentielle.
Cette fois, c’est Frédéric Lefebvre qui a forcé le destin. Le secrétaire d’État au commerce s’est fait le porte-parole du Président-candidat qui veut, s’il est réélu, “élargir les conditions d’ouverture des magasins le dimanche”. Une déclaration lue aux États Généraux du commerce à Bercy organisés par le Conseil du Commerce de France (CdCF). “C’est pour vous donner plus de liberté, c’est de la croissance pour vos commerces, c’est de l’emploi pour les Français”, a-t-il ajouté. Les argumentaires de campagne sont bien rodés. Et la réplique n’a pas traîné.
François Hollande préfère la négociation à “une mauvaise loi” afin de trouver “un équilibre entre les droits des salariés et le souci des commerçants de répondre à de nouvelles formes de concurrence”.
François Bayrou a, lui, estimé “scandaleux q’une partie de la population n’ait plus le droit à ce repos du dimanche. Il y a des gens pour qui l’argent justifie tout (…). On ne doit pas faire de la société française, une société tournée vers le commerce à tout prix”.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il s’oppose “absolument et formellement à la généralisation du travail le dimanche”, tout en estimant que pour “une zone de chalandise internationale, il est tout à fait normal d’ouvrir le dimanche. Ce que nous voulons, c’est un assouplissement, un peu d’air. Le commerçant doit être là quand il y a du chiffre d’affaires à faire, quand il n’y en a pas, il ferme”. De son côté, le CdCF demande la possibilité pour les commerçants d’ouvrir librement 10 à 12 dimanches par an, même en dehors des zones touristiques (contre 5 sur autorisation préfectorale aujourd’hui). “La réglementation de l’ouverture dominicale doit être assouplie mais, en aucun cas, banalisée ni étendue à la globalité des commerces en France”, a résumé son président, Gérard Atlan. C’est, d’ailleurs, un des 7 points clés du Pacte pour le développement du commerce défendu par le CdCF.
+66% de prélèvements fiscaux depuis 2000
Un Pacte qui milite, aussi, pour une réforme en profondeur de la fiscalité du commerce afin qu’elle cesse de croître plus rapidement que la valeur ajoutée et le chiffre d’affaires des entreprises. Il faut dire que depuis 2000, le total des prélèvements fiscaux a augmenté de 66% (contre 40% pour la valeur ajoutée et 31% pour le chiffre d’affaires). Exemple : entre2004 et2009, la taxe foncière a augmenté de plus de 20% dans 30 villes françaises. Elle a littéralement flambé à Paris atteignant +65,5% ! En 2010, la contribution économique territoriale, qui a remplacé la taxe professionnelle, a pris jusqu’à 50% au passage ! Sans parler de la création d’une nouvelle taxe étendue aux enseignes avec majoration des taux : la taxe locale sur la publicité extérieure. Ni de ce qui attend les commerçants, demain, avec la Tascom, la taxe sur les surfaces commerciales, dont le produit a déjà triplé depuis 2004 et qui devrait, encore, prendre 5% par an à partir de 2012 dans le cadre de son transfert aux communes. Et des effets de la réforme des valeurs locatives avec, à la clé, des augmentations substantielles pour les commerçants. Alors, candidats, à vos calculettes pour la défense du commerce… et du pouvoir d’achat !