On ne s’y attendait pas. La France enregistre, finalement, une croissance de 1,7 % en 2011. Et même de 0,2 % au quatrième trimestre. Pas de quoi fanfaronner. Mais c’est plus que l’Allemagne qui, elle, a reculé de 0,2 %. De quoi ébranler le fameux modèle germanique qui prône l’austérité à tous les étages ? Et redonner un souffle d’optimisme au marché français après la période de froid sibérien qui a saisi le pays pendant plusieurs semaines ? Une météo qui a, d’ailleurs, profité aux cyber-soldes dont les ventes ont progressé de 9 % sur les 4 premières semaines. Voilà du côté des chiffres positifs. Et maintenant ?
Un léger redoux avant l’ère glaciaire ?
Car l’économie se remet à détruire des emplois en France. Quelque 31 900 postes ont été perdus, selon les premières estimations de l’Insee, au 4e trimestre 2011, principalement dans les secteurs marchands. Depuis l’été, on compte 1 000 chômeurs de plus chaque jour. Et l’Insee table sur 61 000 destructions supplémentaires au 1er trimestre. Le Ministère du Travail, lui, confirme le recul du pouvoir d’achat des salariés
au 4e trimestre. Les indices du salaire mensuel ont augmenté de 0,3 %, bien moins vite que l’inflation (0,8 %). C’est, bien évidemment, sans compter sur les nouvelles taxes et, surtout, sur celles qui se préparent.
Il faut dire que l’année 2012 s’annonce lourde : révision des valeurs locatives qui risquent de faire flamber les loyers et baux commerciaux ; inflation attendue par les distributeurs – Serge Papin, de Système U, annonce 1,75 % - ; répercussion inévitable de la hausse des prix des matières premières ; conséquences des taxes auxquelles sont soumis les industriels depuis la rentrée ; perte du pouvoir d’achat avec la mise en œuvre de la TVA sociale… Bref, une concurrence accrue pour les acteurs économiques et une extrême prudence de la part des consommateurs.
Et puis, il y a la crise économique européenne avec des pays exsangues comme la Grèce où l’on se demande comment et pourquoi. Quand les traités européens en vigueur imposent un non dépassement des déficits à 3 % des richesses nationales et donc des plans de rigueur. Quand cette norme sera abaissée à 0,5 % de déficit structurel en application du Mécanismeeuropéen de stabilité (MES) qui sera soumis au vote à l’Assemblée Nationale, le 21 février, avec, à la clé, une amende de la Cour de Justice européenne allant jusqu’à 0,1 % du PIB en cas de non-respect.
Alors, pourquoi mettre au régime sec ménages et entreprises au risque d’enrayer complètement la croissance ? Pourquoi ne pas profiter de cette période où tout est encore possible pour réfléchir à une vraie sortie de crise par la consommation ?
Ou, en tout cas, à un modèle économique équilibré entre offre et demande ?