Fini les prix de soutien, les quotas de production. Longtemps inscrit dans une économie administrée régie par la Politique Agricole Commune, le marché du lait est à l’aube d’une libéralisation en profondeur, avec la suppression progressive des quotas, qui sera effective en 2015. Ou comment le jeu des pouvoirs entre industriels et producteurs bascule. Décryptage.
Points de Vente : Lactalis fait actuellement pression sur les producteurs laitiers pour signer avec eux des contrats en direct. Quelles sont les origines de ce bras de fer ?Frédéric Douel : La contractualisation est une des crispations majeures dans cette période de “sortie des quotas”. Les producteurs sont inquiets, car beaucoup de points restent en suspend : combien va-t-on produire dans l’après quotas ? Qui va produire ? Entre les entreprises et les producteurs, qui va fixer les règles du jeu ? Actuellement, Lactalis veut signer des contrats individuels à ses 14 300 producteurs, alors que les Groupements de Producteurs (alias OP non commerciales) disent “non, on veut décider ensemble”. Cette démarche provoque un tollé parmi les producteurs laitiers qui demandent des contrats cadres, assurant à chacun une équité de traitement, et non pas des contrats individuels. La solution passera sans doute par le décret reconnaissant les OP comme un maillon indispensable. Bruno Le Maire a annoncé ce décret à l’automne : il devrait permettre de débloquer la situation.
Comment, du temps des quotas, se passait cette relation entre industriels et producteurs ?Auparavant, les industriels n’avaient pas le choix : ils ne pouvaient pas acheter plus de lait à un producteur que le volume fixé