
Sémantique, le retour. Après le vote du Parlement européen ce 8 octobre en faveur de l’interdiction des appellations « steaks », « saucisse » & co pour les produits végétariens, les acteurs des alternatives à base de protéines végétales continuent le combat, en attendant la négociation du texte par les Etats européens.
C’est reparti pour un tour dans la saga sans fin sur l’interdiction de l’utilisation d’appellations animales pour désigner les alternatives à base de protéines végétales. Le Parlement européen vient de se prononcer, le 8 octobre, après deux jours de débat, sur l’amendement porté par la députée européenne française Céline Imart, adopté le 8 septembre en commission AGRI, et qui vient d’être voté en séance plénière par les eurodéputés (355 voix pour, 247 contre). Les appellations telles que « steak végétal » ou saucisse végétale » sont donc directement menacées, même si rien n’est encore définitif : le texte doit encore être examiné par la Commission européenne et le Conseil de l’Union européenne.
Un marché juteux
« Cette première étape, tant redoutée par les acteurs français du végétal, pourrait être lourde de conséquence pour un marché en pleine croissance !, alerte Guillaume Dubois, CEO d’HappyVore. Nous n’abandonnerons pas et continuerons à nous battre pour pouvoir proposer des produits végétaux aux consommateurs, et leur permettre d’avoir des repères ». En riposte, HappyVore aux côtés d’InterVeg et de plusieurs dizaines d’acteurs du végétal en Europe, a lancé, le 1er octobre dernier, une pétition contre « ces mesures restrictives », qui a déjà recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures. « Notre combat continue, en faveur de l’innovation, et de la transition alimentaire qui est nécessaire pour réduire notre impact environnemental, cela n’est plus à prouver », ajoute-t-il.
Le milieu agricole se réjouit
Agricultrice dans le Tarn, députée européenne et vice-présidente Les Républicains, Céline Imart s’est félicitée sur X de cette « belle victoire pour les agriculteurs au Parlement européen ! Une saucisse, c’est de la viande produite par nos éleveurs. Point final. La valorisation de leur travail et la transparence envers le consommateur ont emporté l’adhésion ». L’eurodéputée se défend d’interdire les alternatives, mais simplement de dire les choses comme elles sont : une question de clarté pour les consommateurs selon elle. Par ailleurs le rapport voté le 8 octobre propose, selon un communiqué de presse, une série de mesures pour améliorer la position des agriculteurs dans la chaîne de valeur agroalimentaire (contractualisation, promotion des circuits-courts, renforcement des organisations de producteurs…). A noter : la veille du vote, Céline Imart avait déjà taclé d’une façon peu élégante sur les réseaux sociaux : « Les gens peuvent manger du tofu ou des galettes à l’éprouvette tant qu’ils le souhaitent, mais ce n’est pas de la viande. Les mots ont un sens : un steak, c’est de la viande. Point ». Quelqu’un lui glissera peut-être un jour à l’oreille, qu’en supermarché, on trouve aussi des steaks de thon… En attendant, son confrère eurodéputé vert David Cormand a déclaré sur Bluesky : « Nous allons voter pour renforcer les revenus des agriculteur.trices dans la chaîne de valeur de l’alimentation. Les Verts portent un amendement pour interdire la vente à perte. Pendant ce temps-là, la droite et l’extrême-droite s’intéressent à l’appellation « steak de soja ». Chacun.e ses priorités ». L’amendement en question, visant à assurer un revenu digne aux agriculteurs, a été battu de justesse ce 8 octobre… Allez comprendre… Même à droite, les eurodéputés ne sont pas d’accord entre eux. Peter Liese, eurodéputé allemand (CDU), estime sur X que le Parlement européen a adopté « des interdictions absurdes. Bonne nouvelle : cela ne deviendra probablement pas une loi, car le Conseil des Ministres ne va pas adopter cette proposition. Nous avons vraiment d’autres préoccupations en ce moment ». L’Allemagne étant l’un des plus grands marchés des alternatives végétales en Europe.
C.B.