Depuis le 1er août 2023, les tickets de caisse et de carte bancaire ne sont plus systématiquement imprimés dans les commerces sauf si le client en fait la demande. La France entame une révolution culturelle, écologique et digitale qui remodèle son quotidien à l’heure de la sobriété. Un changement d’habitude notable pour les professionnels et les consommateurs dont les échanges génèrent 12,5 milliards de tickets imprimés par an. Explications.
A l’échelle de l’humanité, l’histoire du ticket de caisse aura été courte. Depuis son invention par John Patterson aux Etats-Unis en 1884, sa démocratisation a singularisé et sécurisé les échanges commerciaux dans le monde. Un siècle et demi après, le voici condamné à l’obsolescence en France, à la faveur des enjeux écologiques et de santé publique. En effet, chaque année, ce sont près de 12,5 milliards de tickets imprimés1 qui circulent des caisses des commerçants aux porte-monnaies des consommateurs. Marqué par la numérisation, notre monde contemporain se tourne désormais vers la digitalisation totale.
Cette mutation sociétale n’est pas sans poser d’interrogations aux commerçants comme aux consommateurs car le ticket de caisse est ancré dans le quotidien de chacun pour 4 motifs essentiels : une preuve d’achat et de garantie, un élément sécurisant permettant de vérifier le montant des acquisitions, une mémoire de ce qui a été acheté, un outil de suivi des promotions et des programmes de fidélité. C’est un fait : le papier rassure ! A plus forte raison vu que 71% des Français conservent le ticket de caisse et 69% le ticket de carte bancaire.
Enjeux écologiques et de santé publique
Comme toute nouveauté réglementaire, la loi de 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a fait naître des craintes. Or, il est fondamental de rappeler qu’elle ne signe pas la disparition pure et simple du ticket. Elle veut surtout mettre un coup d’arrêt aux 150.000 tonnes annuelles de papier consommé pour son impression. De même, elle veut limiter l’exposition de la population aux substances dangereuses pour la santé, bien que l’encre végétale soit de plus en plus utilisée.
Quels sont les reçus qui ne seront donc plus imprimés ?
– les tickets de caisse et de carte bancaire dans les surfaces de vente et les établissements recevant du public ;
– ceux émis par certains automates comme les distributeurs de billets ;
– les bons d’achats et les tickets promotionnels ou de réduction.
De quoi tout de même alléger les portefeuilles de nos compatriotes qui avouent pour 54% d’entre eux, subir une accumulation de tickets papier.
Des exceptions
Comme dans toutes lois, il y a des exceptions. Si les commerçants vont pouvoir réduire leurs frais de papeterie et de bureautique, ils seront cependant obligés de fournir un ticket :
– lorsqu’il mentionne l’existence et la durée de la garantie légale d’un produit ;
– s’il est issu d’un pesage non automatique (fruits et légumes par exemple) ;
– en cas d’opérations annulées, non abouties, ou faisant l’objet d’un crédit ;
– si l’automate enregistre une transaction ouvrant droit à un produit ou un service comme c’est le cas dans certains hôtels pour accéder aux chambres.
Des alternatives pour renforcer la relation client
Substituer le traditionnel ticket de caisse papier par une dématérialisation ouvre aussi la voie à des alternatives technologiques et de gestion pour les commerçants. Si elles ne sont pas obligatoires, elles ne peuvent que valoriser le point de vente et renforcer la relation client. Un système de ticket de caisse dématérialisé est la solution la plus efficace. Le e-ticket généré par le logiciel de caisse sera exportable :
– par email, MMS ou SMS,
– par message directement dans l’application bancaire de l’acheteur,
– par QR code,
– par stockage sur un compte fidélité accessible depuis Internet.
Le e-ticket conduira le commerçant à la collecte (parfois fastidieuse) et au traitement de données personnelles du client, comme son adresse email ou son numéro de téléphone. Ces informations, subordonnées au consentement du consommateur, devront parallèlement respecter la réglementation relative aux données personnelles.
Enfin, pour éviter les débats interminables en point de vente et privilégier l’intelligence des situations, le commerçant n’a pas l’obligation de demander formellement au client s’il souhaite ou non son ticket. C’est au consommateur qu’il revient de le réclamer. De même, si le client en fait expressément la demande, le commerçant ne peut pas refuser l’impression du ticket, et ce, même si une édition dématérialisée lui a été transmise. Voilà qui devrait fluidifier les échanges !
Par Grégoire Leclercq, Directeur général délégué du Groupe EBP