La PME familiale vient de lancer une nouvelle marque, Abel 1898, pour asseoir son développement.
L’entreprise Huilerie de Lapalisse a été créée en 1898, par Abel Paillard, arrière-grand-père de l’actuel PDG, Philippe Chervier. Il avait acheté un petit moulin au centre de la ville, où l’on produisait de l’huile de noix. En 125 ans, évidemment, l’entreprise a beaucoup évolué. « Au fil de l’eau, nous nous sommes tournés vers les huiles spéciales, de noix bien sûr, mais aussi de noisette, d’amande puis les huiles biologiques ». L’entreprise auvergnate travaille, désormais, aussi, pour de grands groupes industriels, avec un cahier des charges très précis. « Nous ne recherchons pas forcément les gros volumes. Nous mettons plutôt en valeur notre savoir-faire spécifique en offrant des produits sophistiqués, ajoute-t-il. C’est comme cela que l’entreprise a pu résister à toutes les péripéties que nous avons connues ces dernières années, en restant toujours en lien avec la demande des consommateurs qui, elle aussi, a beaucoup évolué ».
Une diversification réussie
De l’huile de noix, à une gamme complète d’huiles de spécialité, la PME de 50 personnes (35 M€ de CA), a su négocier le virage d’une diversification réussie. Philippe Chervier se souvient de sa grand-mère qui, jusque dans les années 60, fabriquait de l’huile de lin, surtout pour les cataplasmes. L’entreprise produit désormais de l’huile de lin bio, en lien avec une coopérative française. « Pour mettre en place cette diversification, nous avons dû beaucoup nous adapter et consentir des investissements importants pour une PME familiale indépendante comme la nôtre », précise-t-il.
Autre développement : celui de l’huile d’olive « qui a été très importante dans notre développement, souligne Philippe Chervier. Nous sommes d’ailleurs en train de créer des lignes AOP. Nous avons choisi Nyons AOP pour l’huile d’olive, le Périgord pour la noix et l’Aquitaine pour la noisette ». Mais pour ses autres huiles d’olive, l’entreprise s’approvisionne en Espagne. « On ne fabrique pas de l’huile d’olive comme l’on produit de l’huile de noix. Il faut transformer les olives le plus rapidement possible pour que la qualité extra vierge, obligatoire en France, soit au rendez-vous. Nous nous approvisionnons donc au plus près des zones de production », ajoute-t-il.
Flambée des prix
Sauf que cette année, les crises se succèdent. Après les tensions sur les chaînes d’approvisionnement post-Covid, les difficultés de sourcing liées à la guerre en Ukraine, notamment sur le tournesol et le sésame, ce sont les problèmes climatiques qui s’enchaînent depuis un an. Avec, à la clé, une sécheresse telle que le rendement des oliveraies espagnoles a été réduit de moitié en 2022, à surface égale. « Ce qui s’est passé en Espagne est catastrophique. Nous avons subi des hausses du prix de l’huile d’olive de 60 % à l’achat en citernes. Cela met le marché en tension et l’inflation va se répercuter en grande distribution », prévient-il. L’entreprise a, ainsi, comme beaucoup dans ce secteur, été obligée de procéder à des hausses de tarifs passées par palier. Car, au-delà de la flambée des prix de la matière première, les hausses de coûts sur le verre ou le métal ont aussi impacté les entreprises. « Pour l’instant, cela ne s’est pas trop mal passé lors des négociations commerciales. Mais c’est extrêmement dur. Tout le monde baisse ses marges. Car on sait très bien que si l’on augmente trop les prix, il y a un risque de répercussion très fort sur la consommation. Donc, il faut courber l’échine et faire attention. Ce n’est pas bon pour la rentabilité des entreprises, mais il ne faut pas trop perdre de consommateurs », rappelle-t-il.
Création d’une nouvelle marque
Un contexte qui n’empêche pas Huilerie de Lapalisse de continuer à innover. L’entreprise a créé, en octobre 2022, une nouvelle marque baptisé Abel 1898, en référence au fondateur. Vierges, fines, biologiques et spéciales, Abel 1898 offre un assortiment de 68 références conditionnées en bouteille verre, en bidon métal, en pot et en bocal sous différents formats. « Nous avons investi dans une machine et recruté un commercial dédié à la GMS afin de développer notre marque dans toute la France. Aujourd’hui, nous sommes plutôt présents dans la région Centre, autour de Lapalisse. Et nous comptons nous appuyer sur cette nouvelle marque, autour de l’huile de noix et de l’huile d’olive, pour renforcer notre visibilité et asseoir notre développement », conclut-il.