Le Made in France revient plus que jamais sur le devant de la scène, sous l’effet conjugué de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Une fabrication hexagonale devenue, désormais, un enjeu majeur pour l’économie face aux problématiques de souveraineté industrielle, énergétique, alimentaire… Avec, également, à la clé, des défis environnementaux, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ou encore la promotion des circuits courts, à l’heure où le 3e volet du 6e rapport du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU, vient de rendre son verdict implacable : pour assurer un “avenir vivable”, il faut que le pic des émissions de GES soit atteint au plus tard dans 3 ans. Ce qui signifie qu’elles doivent diminuer de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2019.
Face à ces différents enjeux, couplés à une demande accrue de réassurance des consommateurs, les acteurs s’organisent. Du côté de la grande distribution, Carrefour s’est par exemple engagé, pendant la pandémie, à atteindre une offre de fruits et légumes à 95 % française dans le cadre de son programme en faveur de la transition alimentaire. De son côté, Intermarché a lancé, dès 2019, le Franco Score qui précise le pourcentage de matières françaises utilisées dans les produits fabriqués par le groupe. Des initiatives de visibilité des marques dans les linéaires sont également en cours, avec une mise en scène des entreprises locales et de terroir. Certains imaginent même, à l’avenir, des quotas qui pourraient être réservés aux marques des PME françaises dans les rayons.
Reste qu’il est toujours compliqué pour le consommateur de s’y retrouver, tant les différentes mentions auto-déclaratives du type “Made in France”, “Fabriqué en France”, “Conçu en France” viennent ajouter de la confusion. Dans un souci de transparence, La Fédération française des entrepreneurs de France (Feef) suggère, d’ailleurs, d’indiquer clairement sur tous les produits alimentaires transformés, le lieu de transformation substantielle et l’origine de la matière première prépondérante. Pour l’heure, la certification Origine France Garantie semble gagner du terrain. Il faut dire qu’elle est souvent évoquée comme étant la plus contraignante, dans la mesure où elle assure, grâce à un audit indépendant, qu’entre 50 % et 100 % du prix de revient unitaire est français et que le produit prend ses caractéristiques essentielles en France.
Enfin, les relocalisations gagnent du terrain, les grands noms jouant un rôle de locomotive. À l’image du Coq Sportif qui revient aux sources, dans son usine historique de Romilly-sur-Seine, après s’être délocalisé en Asie dans les années 80. Ou encore de Krys qui relocalise une partie de sa production de verres en France. D’autres marques, elles, s’engagent dès le départ sur le 100 % français. Et cela fonctionne ! Y compris dans le secteur du textile pourtant si décrié (à raison) dans sa version fast-fashion. C’est notamment le cas de la marque 1083, spécialisée dans les jeans, vêtements et chaussures fabriqués en France. Lancée sur Internet en 2013, elle continue à asseoir son développement dans l’Hexagone en s’appuyant sur un écosystème d’ateliers de confection complémentaires. Contribuant, ainsi, à pérenniser le tissu industriel français et susciter de nouvelles relocalisations et créations d’entreprises.
Un tissu industriel essentiel pour permettre, à la fois, de réduire le prix du Made in France jugé souvent trop élevé par les consommateurs déjà soumis à une baisse de leur pouvoir d’achat, et de participer à la relance économique et à la transition écologique de la France.
Francis Luzin, Directeur de la publication