Il ne suffit plus. À l’heure où le bio se démocratise en s’inscrivant davantage dans les habitudes de consommation, les Français militent pour un engagement plus fort de la part des intervenants du marché vers une bio augmentée, avec des valeurs et des promesses en phase avec leur quête de sens, encore accrue par la crise sanitaire. Les consommateurs sont en attente d’offres vertueuses, incluant le bio, mais aussi une liste extrêmement longue d’exigences additionnelles : l’approvisionnement local, le végétal, le commerce équitable, l’environnement, le soutien de filières durables, la transparence, l’anti-gaspi, le zéro-déchet, l’upcycling, le DIY, la réduction des emballages, la saisonnalité, le respect du bien-être animal, la juste rémunération de tous les maillons… Autant d’enjeux cruciaux pour les entreprises qui multiplient références et innovations pour tenter de répondre non pas “au retour à la normale” jusque-là réclamé, mais à cette nouvelle normalité qui s’impose. Le bio, oui, mais pas n’importe comment, ni à n’importe quel prix.
Le local et le Made in France font certainement partie des attentes les plus fortes. Venant même bousculer le bio sur son socle. Cela aura pris du temps, mais les Français ont enfin pris conscience qu’il est sans doute plus cohérent, lorsque l’on se dit engagé, de préférer des produits conventionnels de saison – à défaut de bio – sourcés à proximité, plutôt que des produits bio importés, cultivés de façon intensive, été comme hiver, sous les serres de la mer de plastique en Espagne, en dépit de toute considération humaine et environnementale.
De la même façon, que penser des fruits et légumes bio conditionnés dans des barquettes en plastique non recyclables, elles-mêmes entourées d’un film plastique, non recyclable ? Heureusement, cette hérésie devrait bientôt prendre fin, en bio comme en conventionnel. Le gouvernement vient de dévoiler la liste des fruits et légumes frais qui devront être vendus sans emballage plastique dès le 1er janvier 2022, d’après la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Le décret publié le 12 octobre, prévoit toutefois des exceptions, à l’image des fruits conditionnés par lots de plus de 1,5 kg ou les fruits et légumes présentant un risque important de détérioration lors de leur vente en vrac.
Le vrac, justement, fait aussi partie d’une des tendances phares pour lutter contre les emballages superflus et le gaspillage alimentaire. Si sa progression a été freinée ces deux dernières années avec la fermeture des zones dédiées en GMS en raison de la pandémie, il semble toujours promis à un bel avenir, d’autant que la législation prévoit qu’en 2030, la France imposera une certaine quantité de vrac dans les magasins de plus de 400 m2 : au moins 20 % de leur surface de vente de PGC ou un dispositif d’effet équivalent exprimé en nombre de références ou en proportion du chiffre d’affaires.
Alors même si, après des années de croissance exceptionnelle à deux chiffres, le bio fait moins bien et que le doute peut s’installer, nul doute qu’à l’heure où Natexpo va ouvrir ses portes, du 24 au 26 octobre à Paris Nord Villepinte, les 1 350 exposants et 20 000 visiteurs attendus sauront réinventer le bio pour que ses promesses, parfois galvaudées, retrouvent tout leur sens et répondent aux attentes élargies des consommateurs.
Francis Luzin
Directeur de la publication