Plusieurs menaces se profilent sur le marché de la betterave : entre mauvaise météo, puceron agressif et spéculations financières, le marché est en difficultés… Petit panorama en 4 points.
Dès le départ, la culture 2020-2021 ne se présentait pas sous les meilleurs auspices.
Pour plusieurs raisons :
1. Le recul des surfaces agricoles dédiées à la betterave (7 à 8 %) dû à des fermetures d’usines et à de mauvais résultats financiers des grands groupes sucriers ;
2. La météo. En 2019-2020, les conditions climatiques (automne pluvieux, hiver sans gel puis la sécheresse qui a suivi), ainsi que les attaques désastreuses de ravageurs avaient déjà amputé la production de betteraves de plus de 15 %. En 2020, une nouvelle météo pluvieuse en hiver et au moment des semis a été très défavorable en France, tout comme dans le nord de l’Europe.
3. La chute des cours du pétrole étroitement liés au cours du sucre intervenue en mars 2020. De leur côté, les Brésiliens, qui produisent de l’éthanol ou du sucre, pourraient être tentés par la fabrication du premier, au détriment du second. Une baisse de production est enregistrée également en Inde et en Thaïlande alors que la consommation mondiale est en progression.
4. La prolifération de pucerons verts, porteurs du virus de la jaunisse, inédite par son ampleur et sa précocité. Dans les régions les plus touchées, la perte de rendement avoisine 50 %, générant ainsi des pertes financières de 1 000 €/ha. L’épidémie de jaunisse devrait ainsi représenter des pertes d’au moins 150 millions d’euros pour les betteraviers en 2020. Moins de betteraves cultivées, ce sont des rotations de cultures plus courtes, au détriment de la biodiversité et de l’agronomie.
En remède : un plan de soutien du gouvernement à la filière via une dérogation d’urgence autorisant les néonicotinoïdes (responsables de l’éradication des abeilles) devrait arriver comme réponse à cette crise sanitaire de la plante. La betterave ne faisant ni fleur ni pollen, n’attire pas les abeilles. Ce plan comprend, notamment, un projet de loi permettant en cas d’urgence sanitaire d’autoriser ces molécules, sous certaines conditions. Il ouvre la voie à une possible utilisation de ces molécules, en enrobage des semences de betteraves pour les semis 2021, de manière ponctuelle (un an renouvelable 2 fois maximum).
En points positifs, la demande en alcool pour la production de bioéthanol ou de gel hydro-alcoolique ne cesse de progresser. “En synthèse 2020 dans notre domaine, se trouvent deux virus, la Covid et la jaunisse de la betterave, les deux ayant un impact assez important sur nos productions actuelles et à venir”, conclut Matthieu Simonin, directeur des opérations marketing chez Cristalco.