Suite à la réunion avec les acteurs économiques sur le coronavirus, le 9 mars, tenue avec Muriel Pénicaud, la ministre du Travail et la secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a confirmé, devant la presse, que « l’épidémie de coronavirus aura un impact sévère sur l’économie française, qui se chiffrera en plusieurs dixièmes de point de PIB durant l’année 2020 », avec, en première ligne, les PME, les TPE, les artisans, les commerçants, les plus petites entreprises. Le ministre donnera une nouvelle évaluation chiffrée lors de la présentation des prévisions du Pacte de stabilité, le 15 avril.
Pour l’heure, les constats effectués par les professionnels attestent de baisses de chiffre d’affaires de 60% en moyenne pour les traiteurs, de 30 à 40% dans l’hôtellerie, de 25% pour les restaurateurs et de chiffres encore plus importants pour tout le secteur de l’événementiel.
Des mesures ont donc été prises, en particulier pour les secteurs en situation critique.
Le 15 mars prochain, lors des prochaines échéances des charges fiscales et sociales, toutes les entreprises confrontées à des difficultés pourront demander la possibilité de reporter les charges fiscales de la manière la plus simplifiée possible a promis Bruno Le Maire.
Le dispositif prévoit, également, un dégrèvement pour les impôts directs au cas par cas pour toutes les entreprises qui seraient menacées de disparition en raison de l’impact économique du coronavirus.
Le ministre de l’Economie demande, également, à ce que la solidarité nationale joue à tous les niveaux, notamment celle des donneurs d’ordre privé, des grandes entreprises vis-à-vis de leurs sous-traitants. Il appelle également les bailleurs à faire preuve de compréhension dans leurs loyers vis-à-vis de tous les commerçants.
Parallèlement, il a été demandé à la Banque publique d’investissement qu’elle soutienne la trésorerie non seulement des PME, comme c’est son rôle, mais aussi des entreprises de taille intermédiaire.
Bruno Le Maire concluait en affirmant sa conviction « qu’il y aura un « avant et un « après » cette épidémie de coronavirus sur l’organisation de l’économie mondiale et que nous voyons bien, dans un certain nombre de secteurs, à quel point il est important de réfléchir à une meilleure organisation des chaînes de valeur, à une relocalisation d’un certain nombre d’activités stratégiques (…) et à bâtir une mondialisation où les chaînes de valeur soient mieux protégées, plus indépendantes et évitent également des déplacements qui sont parfois inutiles, alors même que certaines productions pourraient être faites à proximité ».
« Lundi noir financier »
Le tout dans un contexte où l’ensemble des places boursières mondiales connaissent un lundi noir sous l’effet dual de la propagation du coronavirus et de la chute des cours du pétrole initiée par l’Arabie Saoudite dans sa guerre des prix avec la Russie. Les institutions financières ont ainsi dévissé, les marchés anticipant une hausse des crédits douteux face à l’incapacité de nombreuses entreprises à rembourser leurs prêts. Clôture en baisse de 17% pour la Société Générale et Natixis, 12% pour BNP Paribas, 16% pour Crédit agricole… Le CAC 40 a reculé de 8,39% dans la journée. A Wall Street, l’indice S&P 500 a fondu de 7,6%. De son côté, le baril de Brent a perdu près de 25% de sa valeur et l’ensemble des cours des matières premières est impacté (métaux, soja, sucre, colza, huile de palme…).
Certains acteurs craignent une crise financière. D’autres évoquent plutôt un choc économique. Ce qui est sûr, c’est que l’ensemble de l’économie, réelle et financière, sera impactée : les banques avec un risque d’incapacité des acteurs économiques à rembourser leurs prêts, notamment les entreprises les plus exposées (tourisme, transport, commerce, énergie…) et en particulier les plus petites d’entre elles, tout comme les grandes entreprises empruntant sur les marchés en émettant des obligations.
Reprise des bourses mondiales
Le 10 mars, les marchés remontent après le lundi noir. Vers 10 heures, Paris, Francfort et Londres ont affiché des hausses comprises entre 2,5% et 3%. Toutes les places mondiales sont concernées par une légère hausse, à l’exception de Moscou en chute libre de plus de 10% (chute du rouble et des cours de pétrole). De leur côté, les places financières du Golfe ont progressé en lien avec la forte remontée des cours du pétrole.